"United : une grande famille"

Depuis son arrivée en Angleterre en 2005, l'international serbe de Manchester United, Nemanja Vidic, s'est affirmé comme l'un des défenseurs les plus solides de la planète.


Dans cet entretien, l'ancien pensionnaire de l'Etoile Rouge de Belgrade et du Spartak Moscou, évoque également ses espoirs de qualification pour la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud et l'importance de faire partie de cette équipe mancunienne qui est sur le point d'écrire l'histoire


Quand vous avez commencé le football avec votre frère Dusan, jouiez-vous toujours défenseur ?

Non. Comme tous les gamins, j'aimais bien jouer à différents postes. Mais j'ai toujours préféré jouer côté droit. J'ai joué attaquant jusqu'à 13 ans, puis j'ai été repositionné arrière droit. Pratiquement dans la foulée, je suis devenu défenseur central.

Comment avez-vous réagi lorsque l'Etoile Rouge a manifesté l'intention de vous signer ?

J'étais aux anges ! Quand j'étais gosse, j'étais supporter de l'Etoile Rouge. A cette époque, le club était champion d'Europe et du monde. Enfiler ce maillot, c'était réaliser le rêve de tous les gamins de Belgrade.

Qu'avez-vous appris de plus important dans ce club ?

J'ai acquis une mentalité de gagnant. Avant de signer, j'avais joué dans des clubs plus modestes où les attentes étaient beaucoup moins élevées. A l'Etoile Rouge, tout était différent. A chaque match, on avait la pression car il fallait tout gagner. J'ai relevé le défi et je garde toujours cette mentalité, qui pousse à accorder la plus grande importance au moindre détail. C'est d'autant plus vrai à Manchester United.

Vous avez été prêté au FK Spartak Subotica en 2000. Quelle a été l'importance de cette expérience dans votre carrière ?

C'était un nouveau défi. C'est en jouant dans un plus petit club que j'ai gagné en professionnalisme. J'ai pris conscience que je devais vraiment me montrer à la hauteur pour jouer davantage de matchs avec l'Etoile Rouge. J'ai dû apprendre de nouvelles choses et je me rends compte à posteriori qu'elles m'ont aidé à progresser en tant que joueur et en tant qu'homme.

Cela a-t-il été difficile pour vous de quitter la Serbie pour Moscou ?

Pas vraiment. Il y avait plusieurs Serbes dans l'effectif du Spartak quand je suis arrivé. Ils m'ont aidé à m'acclimater. Je garde d'excellents souvenirs de mon passage à Moscou. Ces années passées là-bas, occupent une grande place dans mon cœur.

Selon vous, quelles sont vos qualités qui ont conduit Manchester United à s'intéresser à vous ?

J'étais un bon défenseur. Cela faisait plusieurs années que j'alignais les bons matchs avec le Spartak et surtout avec l'équipe nationale. A cette époque, on n'avait pris qu'un seul but en dix matchs au cours des éliminatoires de la Coupe du Monde 2006. Ça faisait longtemps que les gens de United suivaient mon évolution. Mes performances ont dû leur sembler assez convaincantes pour m'engager. Concernant les qualités que le club a appréciées chez moi, il faut interroger le staff. Moi, je suis tout simplement ravi d'avoir eu la chance de jouer pour un aussi grand club.

Avez-vous ressenti un peu de stress lorsque vous avez signé à Manchester United ?

Je dois reconnaître que j'ai été surpris quand le club m'a recruté, mais j'étais aussi extrêmement heureux. Je savais avant d'arriver que United était un club énorme, avec des tas de grands joueurs. Après, j'ai mis la tête dans le guidon et j'ai bossé dur. Je ne ressentais pas vraiment d'appréhension, mais cela peut arriver à tout le monde de toute façon.

Quel a été le rôle de vos coéquipiers dans votre adaptation à la vie anglaise ?

Ils ont été fantastiques. Ils m'ont vraiment beaucoup aidé. Au début, j'ai eu du mal à trouver mes repères en Angleterre, mais au club, tout le monde m'a extrêmement bien accueilli. J'ai travaillé mon anglais dès le premier jour. Aujourd'hui, je peux dire un grand merci à tous les gens du club !

Sur le terrain, votre relation avec Rio Ferdinand semblent fantastique. Vous entendez-vous aussi bien dans la vie ?

Oui. On passe beaucoup de temps ensemble, que ce soit pendant les matchs, les entraînements, les déplacements, les repas et les autres activités. Alors oui, nous nous entendons aussi bien sur le terrain qu'en dehors.

Les joueurs de Manchester United semblent très proches les uns des autres. Cela aide-t-il sur le terrain ?

On ne peut pas obtenir de bons résultats sans une excellente ambiance dans le vestiaire. C'est une réalité, elle est valable pour tous les clubs. Mais le plus important, c'est que cette bonne ambiance ne soit pas artificielle. Elle doit être authentique et bon enfant. Nous avons un excellent esprit d'équipe. Ensuite, avec des joueurs comme ceux de Manchester United, les résultats viennent naturellement.

Quelle est le secret de votre extraordinaire solidité défensive cette saison ?

On n'a pas de secret, c'est sûr. Ces dernières semaines, certains joueurs qui ne jouaient pas en début de saison ont été intégrés à l'équipe et ils ont été excellents. Ça montre à quel point notre groupe est riche. Ils ont vraiment été très bons. Le plus important, c'est d'être fort collectivement.

Un tel bilan défensif implique-t-il une certaine pression ?

Non. La seule chose que m'inspire notre bonne forme du moment, c'est la confiance. On a pris beaucoup de points sur les derniers matchs, mais il ne faut surtout pas tomber dans la complaisance. On va continuer sur cette voie jusqu'à la fin de la saison. Si on parvient à garder le rythme, on devrait réussir une belle saison.

En tant que défenseur, préférez-vous gagner 1 à 0 ou 3 à 1 ?

Je n'ai pas vraiment de préférence. Chaque victoire a son importance. Au bout du compte, elle vaut toujours trois points. Bien sûr, c'est toujours gratifiant pour les défenseurs et le gardien, de ne pas prendre de buts. Mais tant que la victoire est au rendez-vous, je suis satisfait.

Vous faites partie d'un club qui est champion d'Angleterre, d'Europe et du monde. Qu'est-ce que cela vous inspire ?

C'est fantastique. Je suis très fier de faire partie d'une aussi grande équipe. On gagne des trophées. En ce moment, United, c'est une grande famille qui est très heureuse. Mais on n'a jamais assez de temps pour penser aux réjouissances. On reprend toujours notre boulot là où on l'a laissé. On a de nouveaux objectifs et les supporters attendent de nous qu'on les atteigne.

Parlons maintenant de la Serbie. Vous deviez être très enthousiaste avant de faire vos débuts, contre l'Italie ?

Je garde un souvenir extraordinaire de ce match. Ça fait partie des plus grands moments de ma carrière. C'est là que ma carrière a vraiment décollé. Les gens ont commencé à me connaître, je me suis fait un nom. Je me souviens du but de Predrag Mijatovic et de notre nul 1-1, qui était un résultat fantastique pour nous à l'époque.

Qu'est-ce que cela signifie pour vous de représenter votre pays ?

Ça implique beaucoup de responsabilités, mais pour moi, c'est plus important que tout. Par le passé, notre pays avait une mauvaise image. En tant que sportifs, on a vraiment essayé de la modifier. On participe à des œuvres caritatives et pendant les matchs, on est toujours à 100%. Je suis convaincu que nous changeons l'idée que les gens se font de la Serbie. C'est quelque chose que je prends très au sérieux.

Vous n'avez pas participé à la Coupe du Monde 2006 en Allemagne. Est-ce une source de motivation supplémentaire pour vous qualifier pour la Coupe du Monde en Afrique du Sud ?

Les choses ont commencé à mal tourner avec mon exclusion lors de notre dernier match des éliminatoires, contre la Bosnie-Herzégovine. Après quoi, j'ai subi une grosse blessure qui m'a contraint à déclarer forfait pour la Coupe du Monde. Aujourd'hui, on a une meilleure équipe et de bonnes chances de se qualifier. Je vais tout faire pour aller en Afrique du sud, c'est mon rêve.

Vous avez été versés dans un groupe très relevé, dans lequel on trouve la France, l'Autriche et la Roumanie. Etes-vous satisfait de vos débuts dans ces éliminatoires ?

On a fait des débuts prometteurs, c'est sûr, mais ça ne va pas plus loin. C'est important de garder la tête sur les épaules et de prendre les matchs comme ils viennent. Le 28 mars à Constanta, on a un match capital contre la Roumanie. Il faut absolument gagner pour entretenir nos espoirs de qualification. Je suis optimiste pour l'avenir. Je crois que la Serbie a les moyens de se qualifier.

Quels sont les plus grands atouts de cette sélection ?

Sa jeunesse. Cette génération va pouvoir jouer ensemble durant les cinq prochaines années au moins. Cette continuité va être très importante. Je suis profondément convaincu qu'on a les qualités et la détermination nécessaires pour réussir. Cela dit, on peut encore progresser. Il va falloir élever notre niveau de jeu si on compte se qualifier. En tout cas, je crois en ce groupe.

Voyez-vous des similitudes entre la Serbie et Manchester United ?

La comparaison est difficile. Je pense qu'il est pratiquement impossible de comparer deux équipes ou deux clubs. En sélection, on a l'ambition de construire un style de jeu bien particulier, unique. On a les qualités nécessaires pour pratiquer un football offensif, agréable, attractif. J'espère que le public pourra en profiter en Afrique du sud.

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