Séance de questions-réponses avec Sir Alex Ferguson : Tevez ne vaut pas £25 millions, Owen est un pari et City ne sont pas de vrais rivaux.


Chaque année, pendant la tournée de pré-saison de United, Sir Alex Ferguson prend le temps de discuter de toutes les péripéties de la planète football, des ambitions et des objectifs de ses Red Devils.

Manchester United est en pleine tournée asiatique et hier soir, Ferguson était au Kuala Lumpur’s Oriental Mandarin Hotel pour répondre à des questions qui allait de Manchester City à Michael Owen en passant par Carlos Tevez.

Ce fut un été très intéressant. Quelle est votre opinion sur cette période estivale ?

Cet été a défié toute logique en matière de crise du crédit. On aurait pu penser que la plupart des équipes se calmeraient sur le marché des transferts mais, à l’inverse, les transferts se sont multipliés cet été sous l’impulsion de certains clubs comme le Real Madrid et Manchester City.

Considérez-vous City comme concurrent potentiel la saison prochaine ?

On est pas plus concernés avec City qu’avec une autre équipe. Cela fait 6 ans que Chelsea, Liverpool, Arsenal et United constituent l’éternel "Big Four" de la Premier League. Quand on analyse l’équipe de City, on se dit : "Quelle est leur meilleure équipe ?" et "Ça pourrait donner quoi ?" - et il faut alors se rendre à l’évidence qu’ils n’ont pas encore les moyens de venir déranger ce "Big Four".

Quelle est la différence entre Chelsea, qui dépensait d’énormes montants il y a quelques années, et City actuellement ? Est-ce que City part de plus loin ?

Je pense que Chelsea avait un meilleur noyau. Avec Ranieri, ils avaient déjà réalisé de bons transferts comme Lampard, Cole ou Robben. John Terry est sorti de l’Academy et ils ont également acheté Cech pour un montant minime, on s’en aperçoit aujourd’hui, à l’âge de 21 ans.
En fait, nous étions intéressés par la venue de Cech, j’ai personnellement été le voir à Rennes à deux occasions mais je me suis dit qu’à 19 ans, il était encore un peu jeune. Mais il était déjà en équipe nationale tchèque à 20 ans et quand on analyse sa carrière jusqu’à maintenant, on s’aperçoit qu’il n’a du faire qu’une dizaine d’erreurs en 6 ans.

Donc c’est LE joueur qui vous a échappé ?

En effet, mais à l’époque, je cherchais un gardien pour remplacer Peter Schmeichel.

Êtes-vous déçu des déclarations récentes de Tevez ?

Nous avons essayé de contacter Carlos, je lui ai envoyé des sms et je l’ai eu au téléphone quand il était en Argentine. David Gill a fait parvenir une offre concrète à Kia Joorabchian et j’ai déclaré à Tevez que nous avions fait une offre à Kia après le match de Ligue des Champions contre l’Inter.

Mais il n’y a pas eu de réponses concrètes de leur part. Personnellement, je ne pensais pas qu’il valait £25 millions, peut-être que je me trompais. Les fans ont souvent leurs héros et cela ne m’aurait pas dérangé de trouver un accord, du moment que cet accord eut été juste. On doit notre succès aux fans et aux supporters, nous avons besoin d’eux quand on joue à l’extérieur comme à Fulham ou à Arsenal mais Tevez ne valait tout simplement pas les £25 millions demandés.

Pourquoi pensez-vous que City n’arrivera pas à perturber le "Big Four" ?

Je n’ai pas dit qu’ils n’y arriveraient pas mais qu’ils auraient beaucoup de mal à y arriver. Tout est possible. Aston Villa a très bien débuté la saison précédente mais ils se sont ensuite essoufflés en cours de saison. C’est très compliqué de rester sur une longue période dans ce "Big Four".

Est-ce que l’intensité des transferts du côté de City complique la vie à des entraîneurs comme O’Neill à Villa ou Redknapp aux Spurs ?

C’est une bonne question. A Manchester United, nous sommes protégés de cette folie grâce à nos titres et notre réputation. Dans leur cas, ils sont attendus au tournant. Leurs fans espèrent qu’ils pourront taquiner le "Big Four" mais c’est compliqué quand vous ne faites pas le poids financièrement. Mais ce sont de grands entraîneurs qui sauront s’adapter et je suis sûr qu’on devra se méfier de Villa et des Spurs la saison prochaine.

Que pensez-vous du forcing de City pour s’attacher les services de John Terry ?

Vu l’argent qu’ils ont à leur disposition, je trouve cela compréhensible. Il a de l’expérience et c’est le capitaine de l’Angleterre. De plus, ils ont du apprendre que Terry était intéressé par un éventuel transfert. Je suis sûr qu’il y a eu de nombreux appels téléphoniques entre les différentes parties.

Apparemment, City et Chelsea étaient dans le même hôtel. Vous ne feriez jamais cela ?

C’est clair que je ne serais jamais dans le même hôtel qu’une de ces deux équipes. Ou alors, je serais bien plus discret.

Est-ce que ce fut compliqué de regarder le marché des transferts avec tout cet argent qui ne demandait qu’à être dépensé ?

On a essayé de le dépenser en recrutant Karim Benzema. Mais, lorsque sa valeur a atteint les £42millions, nous avons lâché l’affaire. Nous ne pensions pas que sa valeur puisse excéder les £35 millions.

Avez-vous tenté une approche pour Franck Ribéry ?

Non. Nous avons étudié le cas de manière discrète lorsque David Gill était à Munich en Mars, mais ils nous ont dit "pas question" et s’il y a bien une qualité que possède le Bayern, c’est de n’avoir qu’une seule parole.

Beaucoup de managers ne voulaient pas d’Owen car ils pensaient qu’il était "fini". Pourquoi l’avez-vous recruté ?

Le jeu en vaut la chandelle. Parfois, il faut savoir parier sur un joueur. Et puis je considère que nous sommes le seul club qui peut le relancer car je change mon équipe sans cesse et je fais beaucoup tourner mes attaquants.

Je ne lui demanderai jamais de jouer tous les quatre jours. Je pourrais lui demander de jouer tous les 10 jours par contre. Au niveau du jeu, on sait ce qu’on doit attendre de Michael – quand le ballon est dans le dernier tiers du terrain, il se déplace entre les défenseurs et il est au bon endroit au bon moment.

Comme le but de samedi face aux Malaisian XI ?

Exactement. Quand Ryan Giggs a pénétré la défense, Michael fut le premier à réagir et à suivre Ryan. Tous les autres joueurs regardaient l’action. Il marque des buts faciles grâce à cet instinct de buteur.

Vous êtes les champions en titre. Débuterez-vous la saison prochaine en tant que favoris ?

Je ne sais pas vraiment. Pour être honnête, je suis impatient de voir les mises des bookmakers.

Vous avez perdu Ronaldo. Est-ce que cela rend la Premier League plus compétitive ?

Certaines équipes seront soulagées de ne plus voir Ronaldo dans notre équipe.

Combien de temps avez-vous mis pour vous remettre de la défaite en finale de Ligue des Champions face à Barcelone ?

Ce fut une grande déception.

Quelles sont les raisons de cette défaite ?

Je connais exactement les raisons de notre défaite mais je n’ai pas envie de m’étaler sur ce sujet. Cela ne vaut pas la peine d’en parler.

Est-ce votre attitude générale dans le football ?

"Regardes devant toi au lieu de derrière toi ?" Je ne veux pas en parler.

Est-ce qu’on aura droit au même « Big Four » l’année prochaine ou plutôt un "Big Three" dû au fait qu’Arsenal a perdu Adebayor à City ?

Je pense qu’Arsenal va devoir passer un test de grande importance pour pouvoir rester là où ils étaient la saison précédente. Je sais très bien que Wenger n’a aucun moyen financier mais il devra dépenser l’argent provenant du transfert d’Adebayor de manière intelligente. Apparemment, il y a certaines rumeurs qui disent qu’Arsenal est dans des difficultés financières et que Wenger ne pourra pas utiliser l’argent du transfert.

Pourquoi Wenger reste-t-il à Arsenal ?

Je pense qu’Arsenal est son club. Il a construit cette équipe à son image et il aurait beaucoup de mal à le quitter. Il n’aura plus jamais l’occasion et le temps de reconstruire une nouvelle équipe s’il quitte Arsenal. A son âge, il pourrait peut-être aller au Real de Madrid mais je ne pense que le Real soit à l’image de Wenger.

Avez-vous la même mentalité ? Continuer tant que vous êtes en bonne santé ?

Exactement. Je n’ai toujours pas pris la décision de me retirer.

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