Retour et éclairage sur le mercato mouvementé de United

I / L'imposture Herrera

La tentative de transfert avortée d'Ander Herrera vers Manchester United dans les tous derniers instants du mercato n'est pas la première situation étrange que le club vingt fois champion d'Angleterre a connue. Cette dernière journée, concluant un mercato chaotique, a amené de nombreuses critiques sur le club.

Selon les informations de Manchester United, un email imitant la signature du club aurait été envoyé à un autre club à propos d'un joueur, afin de l'inciter à faire une offre améliorée pour obtenir ledit joueur. Le joueur en question a d'ailleurs été transféré, le club acheteur ayant ainsi l'impression de battre Manchester United en le signant.

Cette révélation constitue un aperçu des techniques utilisées par les clubs, les agents et autres personnes du milieu lorsque de larges sommes d'argents sont en jeu, comme lors de la dernière journée du marché. Le cas Herrera a fait couler beaucoup d'encre et soulevé beaucoup de consternation du côté d'Old trafford. Le point le plus important de la controverse réside dans le rôle de trois avocats, soit disant mandatés par le club, qui se sont présentés au bureau de la ligue espagnole (La LFP) pour payer la clause libératoire du joueur, d'une valeur de 36 millions d'euros.

Le club est au courant que des journalistes ont été informés par des sources à l'intérieur de la ligue espagnole que ces trois hommes, identifiés comme étant Rodrigo García Lucas, Alvaro Reig Gurrea et Guillermo Gutiérrez travaillant pour le cabinet espagnole LAFFER, travaillaient sous mandat de Manchester United.

Le communiqué de United était clair, disposant ainsi que ces informations ne pouvaient émaner que d'Old Trafford, et qu'en l'occurrence, ces trois hommes étaient inconnus du club. United emploie en effet en Espagne sa propre firme, et affirme ne pas l'avoir mobilisée pour une raison simple : le club estime la valeur d'Herrera inférieure à la clause libératoire réclamée par Bilbao.

Pourtant, l'arrivée des avocats de LAFFER, notamment responsable du transfert de Javi Martinez vers le Bayern Munich l'été dernier, a laissé l'impression que la signature était imminente, donnant ainsi naissance à une série de folles spéculations. Le journal de Bilbao, El Correo, a même comparé la poursuite d'Herrera à un sketch de Benny Hill.

La version de Manchester United est plus probante. Ayant suivi le joueur pendant deux ans, les représentants du club l'avaient évalué autour de 25 millions d'euros, mais il faudrait attendre environ 18 mois supplémentaires pour qu'il devienne un choix évident pour l'équipe première. Bilbao insistait cependant pour que United paie l'intégralité de la clause libératoire du joueur, et aucun compromis n'a pu être trouvé entre les deux clubs.

L'affaire aurait dû en rester là, mais des photographies des avocats de Laffer diffusées à la télévision ont subitement laissé penser qu'un accord était proche, provoquant ainsi des espoirs sur une négociation déjà échouée.

Le très sérieux journal britannique The Guardian a tenté de contacter la firme juridique espagnole, sans toutefois obtenir de réponse, l'identité du client étant sujette à la confidentialité.

La confusion est restée importante à Manchester, le club désignant les trois avocats comme étant des imposteurs, et étant même à prêt à prendre les mesures judiciaires nécessaires.

Herrera s'est également confié sur l'affaire, ses déclarations confortant la position adoptée par Manchester United :

"Je ne me sens pas floué par United. Pourquoi le devrais-je ? United a fait une offre formelle, qui a été refusée par le club. Il devait payer l'intégralité de la clause, et je me sens flatté, à la fois de l'intérêt de Manchester United et du fait que l'Athletic ait voulu me garder".

L'agent d'Herrera est entré en contact avec le club anglais pour savoir s'il savait qui étaient ces trois avocats, la réponse étant évidemment non. Herrera précisait en plus :

"Les avocats présents à la LFP ne me représentaient pas, je ne sais même pas qui ils étaient".

C'est une situation complexe, embarrassante et inhabituelle pour United, même s'ils n'ont aucunement participé à cette farce. Toutefois, il reste indiscutable que le club a connu un mercato mouvementé et frustrant. Celui-ci reste cependant bien plus confiant que l'on pouvait s'y attendre, et s'amusait même de certaines rumeurs.

II / Les rumeurs Ozil et Kagawa

L'exemple de Mesut Ozil est particulièrement flagrant, les journaux annonçant la lutte entre United et Arsenal pour la signature du joueur. La vérité étant que le joueur a été proposé trois semaines auparavant au deux clubs mancuniens. Manchester United a refusé la proposition, étant convaincu que Wayne Rooney ne partirait pas et ne voulant ainsi pas dépasser son transfert record pour un joueur occupant un poste similaire.

La présence de Shinji Kagawa a également motivé ce choix de United. Le joueur japonais figure dans les plans de David Moyes pour occuper le poste de n°10, et cela malgré avoir été absent de la feuille de match contre Liverpool.

Deux raisons peuvent expliquer ce choix du nouvel entraineur écossais. Premièrement, Kagawa a connu un été épuisant avec sa sélection, et Moyes entend prendre des précautions avec lui. La seconde raison consiste en ce que l'écossais n'a encore que très peu vu le N°10 japonais, et doit ainsi s'assurer de son niveau de jeu. Il ne faut pas croire que Shinji Kagawa est mis à l'écart du groupe.

United a refusé les avances de l'Athletico pour l'international japonais, et il aurait été de même si son ancien club Dortmund avait fait une offre. Malgré les rumeurs, il n'y a pas eu un seul coup de fil du club de Bundesliga pour récupérer le joueur.

III / La rumeur Mata et le départ de Rooney

La rumeur Mata vers Old Trafford a également occupée le devant de la scène, malgré le refus de Chelsea de se séparer de son créateur espagnol.

A l'instar d'Ozil, United n'a jamais essayé d'acheter le joueur, malgré les rumeurs parlant d'un possible échange entre Rooney et Juan Mata. En effet, comme le révélait The Guardian le mois dernier, Manchester United a refusé catégoriquement d'écouter la moindre offre pour l'international anglais. Derrière les rideaux d'Old Trafford, la frustration a été grande vis à vis de cette affaire et des proportions qu'elle a pu prendre, certains allant même à penser qu'elle pourrait faire la différence sur la conservation du titre de Premier League de United.

La détermination de Rooney à forcer son transfert vers Chelsea, ainsi que l'influence de son agent Paul Stretford et l'insistance de Chelsea, ont occupé près de la moitié du temps des représentants de Manchester United.

United était déterminé à réaliser un tour de force, et à prouver à Rooney, derrière le rideau d'Old Trafford, qu'il pouvait encore être heureux avec les Red Devils. C'est un processus long et tout le monde s'accorde sur sa complexité. Le tour de force de United d'avoir réussi à garder le joueur constitue une victoire, surtout lorsqu'on pense à la possibilité de voir Wayne Rooney marquer vingt buts par saison pour Chelsea dans les prochaines années.

IV / Les réels échecs de United

Il reste cependant de nombreuses questions sur le mercato de United, comme savoir pourquoi le club a payé Fellaini 32 millions d'euros, alors que sa clause de sortie aurait pu être invoquée plus tôt dans le mercato, pour 5 millions d'euros de moins.

La longue poursuite de Cesc Fabregas a coûté beaucoup de temps à United, ces derniers pensant que le joueur était à l'écoute de potentiels offres. Les Red devils ont été amenés à penser de la sorte suite au manque de temps de jeu du joueur, notamment à l'approche de la coupe du monde 2014. United n'aura pas pu obtenir la signature de l'espagnol malgré les longues négociations, et le dossier Fabregas reste un échec.

La confusion autour de Thiago Alcantara doit également être évoquée. Selon les médias, le jeune joueur barcelonais aurait décidé d'ignorer United pour rejoindre le Bayern Munich, alors qu'en réalité, David Moyes n'était pas certain que ce dernier était le joueur qu'il recherchait. United le suivait depuis trois ans, et s'est effectivement positionné pour un transfert. Toutefois, David Moyes, et cela est confirmé par le staff d'Everton, aime avoir énormément d'informations sur les éventuels nouvelles signatures du club. L'écossais apprécie également commencer lui même ses propres recherches et ne pas se fier aux dires de quelqu'un d'autre. C'est donc lui qui a décidé de ne pas signer le catalan, n'étant pas certains de son niveau réel après l'avoir très peu vu jouer.

Il faut également rappeler que David Moyes est un nouveau manager et un mercato de l'ampleur d'un club comme United est inhabituel pour lui, notamment dans un temps aussi limité.

United ne voulait pas prendre le pas sur son nouveau manager, et lui ont fait la promesse de garder l'équipe telle quelle. De multitudes offres ont été refusées par le club, pour Kagawa (Athletico), Javier Hernandez (Tottenham) ainsi qu'aux moins cinq propositions de clubs différents pour Nani.

Cela ne change pas le fait que Moyes espérait signer deux milieux de terrain, ainsi qu'un concurrent pour Patrice Evra, manquant notamment Leighton Baines ainsi que Fabio Coentrao. De ce fait, il est admis à Old Trafford que l'unique signature de Feillaini dans les derniers instants du mercato constitue un renfort limité.

United est cependant en colère contre les allégations de l'affaire Herrera, qu'un club de l'ampleur du champion d'Angleterre, avec toute son expérience des transferts, n'ait pas réussi à comprendre le système fiscal espagnol. Il en va de même pour l'existence de ces trois avocats dont le club n'a jamais entendu parler.