Évra, légende de United
Steve Bartram rend hommage à Patrice Évra et à sa remarquable carrière à Manchester United, suite au départ du latéral français pour la Juventus.
Avant de faire ses débuts pour United, un match disputé à midi et perdu chez Manchester City, où il était remplacé à la pause, Patrice Évra a passé sa matinée à vomir. Si son corps rejetait son tout premier plat de pâtes d'avant-match ingurgité à 9h00 du matin, le défenseur n'a certainement pas manqué de tripes au cours des huit années qui ont suivi.
Même au cours de la difficile saison 2013/14, le défenseur de 33 ans a été un modèle de constance au combat, guidant United à travers les eaux tourmentées de la transition. Uniquement absent lorsqu'il était ménagé par David Moyes, Évra a conservé son rôle de titulaire dans la période suivant le départ de Sir Alex Ferguson, grâce à sa présence inaltérable et à sa précieuse expérience.
Si les blessures, les suspensions et les méformes ont mis à mal le quatuor défensif de United, Évra et David de Gea ont assuré un roc autour duquel se bâtissaient une pléiade de versions de l'arrière-garde. Le gardien espagnol est d'ailleurs le seul Red Devil à avoir disputé plus de matches que le latéral gauche, qui a manqué seulement quatre matches au cours de ces cinq dernières années, pour blessure ou suspension.
"Sa constance est incroyable", disait de lui Gary Neville, le légendaire défenseur axial mancunéen. "On lui a demandé de jouer toutes les semaines pendant sept ou huit ans. Il m'est arrivé de faire la même chose, et je peux vous dire que j'étais complètement cuit, alors que lui a toujours été absolument sensationnel. Ça a été le meilleur latéral gauche de la Premier League pendant plusieurs années. On n'aurait jamais cru qu'il aurait un tel impact, quand on l'a vu débarqué au club ! Il a vécu un véritable choc culturel en découvrant la Premier League, mais il est devenu l'un des meilleurs joueurs de United, et l'un des plus constants ces dernières années."
"C'est aussi un véritable leader de vestiaire, mais il est impossible de comprendre à quel point sans l'avoir vécu. Parfois, c'est lui qui liait toute l'équipe. La relation entre les joueurs britanniques et étrangers peut parfois être difficile, mais lui s'entendait bien avec tout le monde. Il possède un vrai magnétisme dans le vestiaire, un sacré caractère et une personnalité fantastique. C'est un leader, quelqu'un qui motive tout le monde avant un match. Ce qui m'a le plus surpris, c'est la passion qu'il mettait dans tout ce qu'il disait dans le vestiaire, du genre Allez les gars : aujourd'hui, c'est notre match. C'est rare que ça vienne d'un joueur qui a été recruté par le club, plutôt que d'y avoir été formé. Ça a parfois plus d'impact quand ça vient d'un joueur qui a rejoint le club, plutôt que de quelqu'un qui y est depuis longtemps. Avec lui, c'était le cas : je pense que c'est à ce moment-là que Sir Alex Ferguson et les joueurs ont vu son âme de leader, ce qui lui ferait hériter du brassard."
C'est également ce qu'il s'est produit sous l'ère David Moyes. Évra a régulièrement été capitaine en l'absence de Nemanja Vidic, longtemps blessé. "Patrice est l'un des meilleurs leaders de vestiaire qu'il m'a été donné de voir", notait Moyes au début de la saison. "Il parle bien et la manière dont il décrit le club est fantastique. C'est une source d'inspiration en coulisses, il rappelle à chacun quel est son travail. Il sait que nous avons un Manchester United très fort."
Publicité vivante pour le club, Évra a réalisé une évolution remarquable. Lorsqu'il a été présenté par Ferguson en janvier 2006, avec son manteau en peau retournée et son col-roulé noir, l'ex-Monégasque ne parlait pas un mot d'anglais et il ambitionnait encore de jouer ailier. Désormais bilingue et parfaitement en phase avec ses qualités défensives, il est le pape des petites phrases fracassantes et des déclarations d'amour pour United. Quelques jours après son arrivée, Ferguson lui avait conseillé de se familiariser avec le football anglais. Évra a littéralement plongé dedans.
"J'ai acheté des tonnes de DVD", révélait le joueur en 2010. "Sur la catastrophe aérienne de Munich, les Busby Babes, George Best et Denis Law, Cantona. Toute l'histoire du club. On rencontre souvent ces ambassadeurs du club, et je voulais apprendre à les connaître, savoir ce qu'ils avaient fait pour le club. Par respect. Parce que quand vous serrez la main de Sir Bobby Charlton, vous ressentez que c'est une légende."
"Tous les jeunes joueurs qui sont ici doivent comprendre l'histoire du club. Après avoir vu ces DVD, j'ai réalisé combien je devais respecter ce maillot. Je devais respecter son Histoire. Je me répète sans arrêt que c'est un véritable privilège de jouer pour Manchester United. Quand vous enfilez ce maillot, vous portez son Histoire. Je remercie Dieu de jouer pour ce club."
Son intégration pleine et entière a duré environ un an et demi. Recruté en l'absence de Gabriel Heinze, qui avait la faveur des fans mais récupérait d'une blessure aux ligaments croisés du genou, Évra était en concurrence avec un autre Français de l'effectif, Mikaël Silvestre, pour le poste d'arrière-gauche lors de la deuxième partie de la saison 2005/06. La saison suivante, il partageait ce rôle avec Heinze, de retour de blessure. S'il réussissait une saison pleine, couronnée par un titre de Premier League et une place dans l'Équipe de l'année de la Premier League, elle se terminait sur une fausse note pour lui : la titularisation de Heinze pour la finale de la FA Cup, perdue contre Chelsea.
La concurrence penchait définitivement en faveur de Patrice lorsque l'Argentin partait pour le Real Madrid à l'été 2007. Un an plus tard, Évra était le deuxième joueur le plus utilisé de l'effectif, derrière Rio Ferdinand, alors que les Red Devils reprenaient leur domination sur l'Angleterre comme sur la scène européenne, les deux aux dépens de Chelsea, posant de nouveaux jalons dans sa magnifique carrière.
Entre le creux de la vague, à Wembley, et le toit du monde, à Moscou, Évra a été impliqué dans une échauffourée avec des stadiers de Chelsea. "Ce jour-là, il a vraiment démontré tout son fighting spirit", rigolait Neville. "On participait ensemble à un décrassage après le match, et il s'est battu contre cinq gars !" Après une longue enquête, cette bagarre lui coûtait quatre matches de suspension au milieu de la saison 2008/09. Hasard du calendrier, il faisait son retour face à Chelsea, à Old Trafford. Mais il subissait un coup du sort : sur un centre qui offrait à Wayne Rooney le but de la victoire 3-0, Évra se blessait au pied. Il serait forfait pendant sept matches : c'est de loin sa plus longue absence.
Il avait toutefois fait son retour quand les récompenses étaient distribuées, terminant la saison champion de Premier League, vainqueur de la Coupe du Monde des Clubs et de la Carling Cup. La saison suivante, il était remplaçant pour un déplacement à Sunderland, comme il s'en souvient : "Le manager m'a ménagé, mais j'étais en colère car je veux disputer tous les matches de United. Quand je prendrai ma retraite, je repenserai peut-être aux matches que j'ai manqués." Si les Red Devils laissaient échapper de peu un quatrième titre consécutif record, Évra ne terminait pas la saison les mains vides : c'est en capitaine qu'il aidait United à conserver sa Carling Cup à Wembley.
Si Nemanja Vidic lui était préféré de peu pour succéder à Gary Neville dans le rôle de capitaine du club, Évra n'en conservait pas moins ses qualités de leadership, et endossait le brassard lors des blessures du défenseur serbe. Il parvenait à conserver sa concentration malgré une série d'évènements en dehors du terrain. Mis au pilori en France pour son rôle central dans la tumultueuse Coupe du Monde 2010 des Bleus, Évra était ensuite impliqué dans une altercation majeure avec Luis Suarez. Au cours de cette enquête, Patrice apprenait le décès de son frère aîné, peu avant la défaite 6-1 de United contre Manchester City.
Malgré tous ces incidents, et la manière cruelle dont les Citizens privaient United du titre en 2011/12, Évra revenait à son meilleur niveau la saison dernière pour aider les Red Devils à remporter un 20e titre de champion. Il se découvrait par la même occasion un véritable talent de buteur : celui qui avait fait trembler les filets seulement trois fois en six saisons et demie se transformait en machine à marquer improbable. Considéré comme l'un des joueurs qui possédaient la meilleure détente, mais souvent cantonné à un poste replié en défense sur les coups de pied arrêtés, il échangeait son rôle avec celui de Rio Ferdinand. Le résultat était saisissant, avec des têtes puissantes contre Newcastle, Arsenal et Swansea, plus un tir crucial contre les Magpies lors du Boxing Day.
En 2013/14, il continuait de marquer sur des frappes chirurgicales face à Cardiff et Stoke City, malgré les nouvelles tactiques plus offensives mises en place et les rumeurs de recrutement potentiel à son poste. La réaction d'Évra ? Un professionnalisme toujours plus exacerbé et une implication de tous les moments.
"Il possède une grande détermination, un désir fort et un fighting spirit inaltérable", admettait Neville. "Au départ, c'était un latéral trop offensif, mais c'est devenu un joueur agressif dans les airs comme dans les tacles, et un joueur phare de United pendant tant d'années. On l'a vu marquer des buts, tout donner, être un leader par l'exemple sur le terrain et motiver tous ses coéquipiers. Il a été fantastique pour Manchester United, ça ne fait pas l'ombre d'un doute."
Sur le forum
EricLeRouge, le 16 janvier 2022 à 21:36
autant de lignes pour simplement dire qu'il ferait mieux de fermer sa gueule ?
😉
Robin Masters, le 16 janvier 2022 à 18:05
Il faut être nuancé. Il y a Patrice Evra l'arrière gauche de MU : talentueux, guerrier, fidèle, régulier pendant de longues années... un grand champion ! Il y a également le Patrice Evra arrière gauche de l'EdF, ni bon ni mauvais. Il y a Patrice Evra le capitaine scandaleux de l'EdF à Krysna. Et aussi Patrice Evra le personnage publique absolument pitoyable qui se ridiculise en se croyant intéressant (là, on ne peut pas parler d'un accident car c'est récurrent).
Patrice Evra, c'est tout ça à la fois. Un de nos plus grands joueurs... et un imbécile, en même temps. On peut dire que SAF l'a bien géré. Mais on pourrait dire la même chose pour d'autres.
C'est comme pour tout le monde, finalement. Il y a des gens qu'on peut apprécier comme collègue / professionnel , comme ami, comme partenaire de sport, etc... mais on n'est pas obligé de les apprécier ou de les détester globalement.
Par exemple, Giggs c'est un ailier gauche génial, mais il vaut mieux ne pas l'avoir comme conjoint ou comme frère. Enfin bref. Patrice Evra aurait gagné à être discret en dehors des terrains.
Redhouane, le 16 janvier 2022 à 17:41
il y a une heure, One Live, One Love, Man U a dit :moi je veux juste parler du joueur, et sous nos couleurs en particulier (ses bla-bla sur les plateaux tv, ses délires sur les réseaux sociaux, etc .... pour reprendre une expression connue en Belgique je m'en bas les c...lles).
quand on parle de ADN du club....lui l'a démontrer ce que c’était d’être un joueur de United.
Un pur et Dur Diables Rouges.
Je sais qu'il y a aucune chance pour que lui lise ce message, mais moi je voudrais le remercier d'avoir toujours été franc sur le terrain et d'avoir fait partie de cette équipe (à cette époque là ont pouvais encore parler d'équipe) qui m'a fait tant vibrer.
Merci beaucoup.
Dans ce forum ceux qui critiquent Patrice le font par rapport à knysna. Pour les français cela peut être important mais nous sommes sur manchester Devils, le gars est un true red.
Heisenberg, le 18 mars 2022 à 14:53
Il va se lancer dans le freak show apparemment.
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