Comment Chris Smalling est devenu le meilleur défenseur d'Angleterre ?

''Nous travaillons dur et sans relâche nos tactiques lors des séances d'entraînement'', a-t-il déclaré à Skysports récemment. ''Nous faisons énormément de 11 contre 11, donc, nous connaissons toutes nos positions et nos rôles. Chaque joueur sait ce que l'on attend de lui et sait à quoi s'attendre de la part de ses coéquipiers sur le terrain. Cela a pour conséquence que nous devinons ce à quoi s'attendent nos coéquipiers. Tous les entraineurs avec qui j'ai travaillés m'ont aidé à m'améliorer, mais l'aide de Van Gaal a été déterminante''.

Les progrès de Smalling ont été l'une des réussites du hollandais durant la période qu'il est en train de passer du côté de Manchester United. Les erreurs et les blessures ont jalonné ses premières années passées au club, tout autant que son stupide carton rouge récolté la saison dernire lors du derby contre City, l'ennemi honni. Mais depuis cet incident, il s'est révélé comme une des figures les plus qu'importantes au club avec pour preuve, les déclarations de Wayne Rooney le mois dernier, qui le classe parmi les trois meilleurs défenseurs au monde.

Certains diront que cette affirmation est plus qu'étonnante, mais personne n'est plus surpris qu'Alan Walker. Il a été l'homme qui a fait débuter Smalling à Maidstone en non-league, lors d'un match de coupe du Kent en 2007. Le jeune homme avait alors quitté Milwall et avait passé la majorité de son temps hors du football, sans un seul match joué, préférant se concentrer sur ses études, ne sachant pas lui-même ce qu'il adviendrait de sa carrière footballistique.

''Il faisait sans cesse la tête et était prêt à tout lâcher'', raconte Walker à Skysports. ''Cependant, il est quand même venu et a joué dans nos équipes réserves. Certaines personnes m'ont rapporté qu'il jouait bien et ce faisant, je suis venu le voir jouer quelques fois. Par la suite, nous l'avons soutenu et empêché d'abandonner. Nous n'aurions jamais imaginé qu'il puisse se hisser à un tel niveau. Il était prometteur mais pas hors-norme''.

''Sa taille, son poids, sa puissance naturelle bref, sa corpulence l'ont toujours aidé et guidé. Il a toujours été un bon athlète. Il était aussi vif que le vent et possédait un physique lui permettant de tenir toute la journée. Il excellait dans ces deux domaines. Cependant, en ce qui concernait son habileté technique, spécifiquement son jeu de tête, il était assez mauvais. Il avait également beaucoup de travail à faire pour améliorer son jeu de passes''.

Heureusement pour pour lui, Smalling n'a jamais posé de problèmes.''Il était un garçon enthousiaste et modeste'', raconte Walkers. ''Il faisait exactement ce que vous lui disiez de faire. Si vous lui disiez de marquer quelqu'un, de trouver de l'espace ou que quelque qu'autre consigne, il avait l'habitude de vous écouter. L'attitude dont il faisait preuve était fantastique''.

Au fil du temps, les résultats sont venus. Il est devenu meilleur, bien meilleur... Ironiquement, il a affirmé sa préférence pour un rôle de défenseur central à Manchester United. Smalling avait trouvé le succès avec un rôle de latéral droit du temps où il évoluait à Maidstone.''Nous l'avons littéralement transformé et il était incroyable pour nous. Les courses incroyables qu'il effectuait le faisaient presque passer pour un attaquant'', se remémore Walker. Il était l'homme du match la plupart du temps. Et soudain Fulham est apparu. Son appétit et son travail ont été récompensés.

''En étant rompu aux joueurs de non-league, je pense que les joueurs qui arrivent jusqu'à nous se trouvent souvent à la fin de la pile (des recruteurs)", ajoute encore Walker ''et se contentent de ce à quoi ils ont droit''. "Chris a pu voir ce qu'était le football à temps partiel (semi amateur) et quand il pu goûter au football professionnel à temps plein avec Fulham en Premier League, il s'est dit qu'il était taillé pour. Evidemment, je suis plus qu'heureux pour lui."

''Cependant, tout le crédit doit lui être attribué à la vue du travail qu'il a effectué. Personne d'autre que lui-même, n'a fait plus pour l'aider avec l'acharnement qu'il y a mis. Lorsque j'ai parlé à Billy Mc Kinlay, qui était en même temps que lui à Fulham, il m'a dit qu'il n'avait jamais vu un jeune homme travailler aussi dur afin d'améliorer son jeu. Il a travaillé, travaillé, travaillé pour aller dans ce sens''.

Paul Konchesky faisait également partie de Fulham en ce temps-là et était un défenseur reconnu de Premier league ainsi qu'en équipe nationale anglaise. Il se souvient de l'arrivée d'un jeune qui avait encore beaucoup à apprendre. ''Il a joué quelques matches en équipe première avec moi. Et pour être honnête, il a fait quelques bourdes'', a-t-il dit à Skysports. ''Depuis le temps passé du côté de Fulham, je dois admettre que j'ai été surpris''.

''Cependant, il n'était qu'un jeune garçon qui n'avait jamais joué au niveau professionnel. C'était donc beaucoup lui demander''. Encore une fois, l'élément décisif pour transformer Smalling en vedette était tout trouvé : le dur labeur. ''Il était vraiment calme et heureux en raport à là d'où venait et où il en était arrivé. Cependant, il cherchait toujours à apprendre. Il restait tout le temps après les entraînements pour travailler sur les points qu'il pensait devoir améliorer''.

Konchesky donne également beaucoup de crédits aux méthodes de Roy Hogdson dans le dévelopement de Smalling. Le sélectionneur de l'Angleterre est l'un de ceux qui insiste beaucoup sur le travail de la forme du joueur (comprenez le physique) et de la position. Ceci pourrait sembler secondaire pour beaucoup, mais pour Smalling (et son développement), c'était absolument crucial. ''Je pense que cela faisait partie des capacités et tâches du coach en ce temps-là'', ajoute Konchesky. ''Le manager l'a soutenu, Roy savait qu'il était spécial''.

''Les gens disent que l'on apprend de ses propres erreurs et pour Smalling, ça s'est avéré exact. Il est devenu meilleur sur les points sur lesquels il n'était pas bon. Il a toujours été un athlète accompli. Il pouvait courir et était un grand et fort joueur. Son physique (endurance et vitesse) lui permettait de se sortir de toutes les situations mais il travaillait également sa capacité à défendre son jeu de passe ainsi que son jeu de tête. C'est évident d'admettre combien il a dû travailler pour en arriver où il en est aujourd'hui. Tout le crédit doit lui en revenir, il le mérite amplement."

Finalement, Smalling est arrivé au haut niveau et ses statistiques sont là pour mettre en évidence ses progrès. Lors de sa première saison à United, il loupait 6,8 passes courtes à chaque match. En 2013-2014,  il en loupait 5,4 pour la même période. L'an dernier, seulement 3,2 passes n'atteigaient pas leur cible. Et cette saison, jusqu'à maintenant, seulement 2,7 de ses passes par matches n'ont pas atteint un coéquipier. En ce qui concerne son jeu de tête, aucun défenseur central du top 4 anglais n'a gagné plus de duels aériens que Chris Smalling.

Le travail rend perfectible les choses et la foi que Sir Alex Ferguson a placé en lui, et sont enfin récompensées. C'est l'écossais qui l'a ramené à Old Trafford, le qualifiant de ''joueur qui aime défendre'' et "de jeune homme qui pourrait mûrir dans un certain cadre''. Ironiquement, Ferguson a aussi dit qu'il plaçait Smalling ''au même niveau que Messi'' et qu'il le sélectionnerait à ses côtés dans une finale de Ligue des Champions.

Le légendaire entraîneur de Manchester United voyait beaucoup de qualités similaires à Vidic dans le jeune défenseur. Soudainement et de manière inattendue, l'absence de défenseurs centraux de classe mondiale anglais comme Ferdinand, Terry ou Carragher pourrait être enfin comblée. La perspective de voir Cris Smalling associé en défense centrale avec John Stones en équipe nationale est vue maintenant avec bien plus d'espoir que de crainte.

Carragher lui-même a observé des signes montrant qu'il est enfin prêt à assumer un statut de cadre majeur. ''Vous pouvez voir ô combien il est devenu plus meneur et plus gueulard (expressif)'', a-t-il déclaré à Skysports au mois d'avril. "Il semble être devenu l'un de ceux qui guide la défense et qui donne des instructions à des tiers. Ceci ne peut que lui donner plus de confiance et de maturité en prenant de l'âge et en obtenant plus de responsabilité au fil du temps''.

Pendant que Gary Neville a encore une fois parlé du besoin de dépenser si des joueurs comme Smalling ou Jones n'arrivent pas à assumer le statut d'un défenseur central de United et de répondre aux attentes de leurs potentiels, il semble pour lui que le messie tant attendu ne soit pas encore arrivé pour le moment. Cependant, à l'inverse, il semble que cela ait été une constante amélioration pour un joueur qui a débuté à Maidstone depuis toutes ces années. Smalling donne du crédit à tous ses entraîneurs, et pour Walker, c'est une source de fierté.

''Je suis fier de pouvoir dire qu'il a joué sous mes ordres'', dit-il. ''Si j'ai pu avoir ne serait-ce qu'une infime influence sur lui, je ne sais pas. Mais cela a été un véritable plaisir de travailler avec lui. Et quel défenseur il est devenu! Son jeu de tête est impressionnant. Il s'est grandement amélioré dans les airs. En tant que pur et dur défenseur, je ne vois personne d'autre meilleur que lui en Premier League. Sa lecture du jeu et sa capacité à remporter des un contre un sont absolument brillants''.

Cependant, chaque entraîneur, au-delà de toutes ces louanges, devraient apporter une mise-en-garde, ''il a toujours un peu de mal avec sa conduite de balle pendant les temps-morts'', précise Walker. ''Si quelqu'un lui met la pression il est bon, mais s'il a trop de temps pour réfléchir, il n'est clairement pas l'un des meilleurs passeurs''. Cependant, d'une manière ou d'une autre, Chris Smalling trouvera un moyen d'y remédier.