Manchester United 1-6 Tottenham : jeu, set et match pour les Spurs

Manchester United a reçu une raclée mémorable à Old Trafford face à une équipe de Tottenham qui n'a même pas eu l'air de forcer. Une remise en question générale du club à tous les niveaux est plus que jamais nécessaire.

Dimanche 4 octobre 2020
Premier League - J4

Manchester United (4-2-3-1) : De Gea - Shaw, Maguire, Bailly, Wan-Bissaka - Matic (McTominay 46'), Pogba - Rashford, Fernandes (Fred 46'), Greenwood (van de Beek 67') - Martial (expulsé 28'). Remplaçants : Lindelöf, Mata, Lingard, Henderson. Entraîneur : Ole Gunnar Solskjaer.

Tottenham Hotspur (4-3-3) : Lloris - Reguilon, Dier, Sanchez, Aurier - Ndombele (Alli 69'), Hojbjerg, Sissoko - Son (Davies 73'), Kane, Lamela (Lucas 46'). Remplaçants : Doherty, Alderweireld, Winks, Hart. Entraîneur : José Mourinho.

Arbitre central : Anthony Taylor. Assistants : Gary Beswick, Adam Nunn. Quatrième arbitre : Craig Pawson. VAR : Stuart Attwell. Assistant au VAR : Stephen Child.

Buts : Fernandes (2') s.p. pour Manchester United ; Ndombele (4'), Son (7' p.d. Kane, 37' p.d. Aurier), Kane (30' p.d. Son, 79' s.p.), Aurier (51' p.d. Hojbjerg) pour Tottenham.

Rarement aura-t-on vu une équipe de Manchester United se faire soulever de la sorte. On savait les Spurs dans une bonne dynamique, on savait United en difficulté dans le jeu, capable de survivre à cinq montants en une rencontre sans que cela ne choque, mais bien malin celui qui aura misé sur un tel écart au tableau d'affichage sur son ticket du week-end. Alors que Kane et Son, notamment, ont brillé, c'est toute l'équipe locale qui a progressivement basculé vers le néant, en commençant par sa défense pour ne finalement épargner personne. Un spectacle extraordinaire dont on espère que le board tiendra compte dans ses prochaines décisions, sans trop espérer cela dit étant donné qu'ils semblent avoir oublié depuis un moment que les lettres "FC" de "MUFC" signifient "Football Club".

Ole Gunnar Solskjaer aligne une équipe tout à fait différente de celle qui a vaincu à Brighton en Carabao Cup en milieu de semaine, Eric Bailly étant le seul joueur conservé dans le onze de départ. Dans un système classique, aucune surprise notable à déclarer. En face, le 4-3-3 de Mourinho voit Son démarrer, alors que celui-ci était incertain, mais pas Alli, sur le banc.

Les Spurs ont toujours encaissé au moins un but dans chaque match depuis le début de la saison, et le suspense de savoir si ce sera encore le cas ce dimanche est de courte durée. Après 30 secondes de jeu, Davinson Sanchez, pris de vitesse par Martial, fait faute sur le Français par derrière. Penalty indiscutable, Fernandes s'élance face à Lloris et le laisse sans réaction (1-0, 2').

Pour une équipe qui peine dernièrement, on se dit alors que c'est la meilleure chose qui pouvait arriver et qu'on tient peut-être le premier élément d'un bon match. Très loin de se douter de la tempête qui se prépare.

Rarement on aura vu une défense mancunienne délivrer une telle contre-performance que celle de cette première mi-temps, alors que la foudre tombe à quatre reprises dans le but rouge. C'est toute l'arrière-garde qui rivalise de créativité pour tenter de décrocher le Graal ultime, la note d'une étoile sur cinq dans notre traditionnel sondage post-match.

Deux minutes après l'ouverture du score, une mauvaise relance cause un début de panique dans notre surface. Une tête incroyablement molle de Harry Maguire, à dix mètres de son gardien, remet en jeu un Tanguy Ndombele qui n'en demandait pas tant. A la "lutte" avec notre capitaine et Luke Shaw, le Français parvient à gratter le ballon aux six mètres pour tromper De Gea (1-1, 4').

Trois minutes plus tard, le même Maguire concède un coup franc à trente mètres pour une faute sur Harry Kane, qui n'allait nulle part. Le capitaine adverse joue rapidement dans la course de Son, complètement lâché par la défense, et pique le cuir au-dessus de notre gardien, sorti peut-être un brin tardivement (1-2, 7'). Il y a bien un semblant de réaction côté mancunien, avec plusieurs tentatives de Greenwood (6', 20', 23') ou un poteau de Rashford (20'), finalement hors-jeu. Mais ce sont bien les Spurs qui restent les plus dangereux, et De Gea doit s'employer à deux reprises devant Son et Lamela pour éviter l'hécatombe (26').

La situation empire sur le coup de la demi-heure de jeu, de façon dramatique. Sur un corner pour Tottenham, Erik Lamela donne un coup à Anthony Martial, qui répond à l'Argentin, lequel s'écrase au sol. Le Français est exclu avant même d'avoir passé trente minutes sur la pelouse, tandis que son adversaire s'en sort sans encombre. Même si cela ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt, la décision d'Anthony Taylor parait extrêmement injuste, surtout une fois revue par le VAR qui est supposé prévenir ce genre de choses.

United encaisse encore deux pions dans le dernier quart d'heure de la première mi-temps, le premier juste après cet événement. Sur un renvoi aux six mètres, Eric Bailly relance court, plein axe, sur un Nemanja Matic pris par l'agressivité de ses adversaires. Côté gauche, Son sert Kane qui n'a plus qu'à terminer sans opposition (1-3, 30'). Le score tourne à la correction lorsque Serge Aurier complètement esseulé à droite a tout le temps du monde pour trouver un Son Heung-Min lâché par la défense et qui vient terminer De Gea dans un angle fermé à six mètres (1-4, 37').

Ed Woodward doit s'estimer heureux à ce moment-là d'être dans un stade vide, quand on sait le traitement de faveur que certains supporters mancuniens aimeraient lui réserver. Les Red Devils ont pris l'eau, sans inspiration offensivement, complètement hors sujet défensivement, sans aucun liant, battus dans tous les duels, et pire que tout, aucun homme parmi les onze sur les terrains plus le staff ne semble avoir envie de gueuler un coup histoire de remettre tout le monde d'accord. Un constat qui traîne depuis des semaines, voire des mois si on est honnêtes et qu'on excepte le mois qui a suivi le restart.

Exit Fernandes et Matic à la pause, McTominay et Fred entrent, sans doute pour mettre plus d'intensité au centre du pré. Solskjaer a-t-il fait son deuil de cette rencontre ? Mourinho, pas connu pour être un risque-tout, se fait un petit plaisir en remplaçant Lamela par Lucas Moura. Mais c'est un autre ex-Parisien qui corse l'addition, lorsque Serge Aurier, côté droit dans notre surface avec bien trop d'espace, croise sa frappe pour battre à nouveau DDG (1-5, 60').

Même en mode économie d'énergie, les Spurs continuent de dérouler leur football pendant que les Red Devils traînent leur spleen aux quatre coins du terrain. Fred, McTominay et van de Beek, entré à la 67e, sont peut-être un poil plus impliqués, mais la désorganisation de notre équipe est telle qu'ils n'ont au final aucun impact visible sur l'ensemble. Kane manque d'ajouter un sixième, mais De Gea se détend bien sur sa gauche pour repousser (72'). Qu'à cela ne tienne, sous les yeux d'un Mourinho qui essaie de ne pas paraître trop souriant mais à du mal à cacher sa satisfaction, il plantera le numéro six sur penalty après une faute de Pogba sur Davies, à peine entré en jeu (1-6, 79').

Finalement, la meilleure action de la rencontre nous concernant, en dehors du penalty de Bruno, c'est le retour du vestiaire qui permet à nos petits coeurs fragiles de ne plus souffrir. Jusqu'au prochain match.

Quelques stats

  • C'est la première fois qu'un match de Premier League voit trois buts dans les sept premières minutes depuis un Burnley - Manchester City de 2010.
  • C'est la première fois depuis le 4 octobre 2015, soit exactement cinq ans aujourd'hui, que Manchester United encaisse deux buts dans les sept premières minutes d'un match de Premier League. La dernière fois, c'était face à Arsenal.
  • C'est la première fois qu'un joueur mancunien est exclu si tôt dans une rencontre de Premier League à Old Trafford.
  • C'est la première fois que Manchester United encaisse quatre buts dans la première période d'un match de Premier League.
  • C'est la première fois que Manchester United encaisse quatre buts dans la première période d'un match de championnat (si on remonte avant la période Premier League) depuis novembre 1957, face à... Tottenham.
  • C'est la troisième fois que United condède six buts dans une rencontre de Premier League, après Southampton 1996 et Manchester City 2011. Chaque fois au mois d'octobre.

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Les Mancuniens ont deux semaines pour reprendre leurs esprits avec le break international qui commence demain. La prochaine rencontre des Red Devils sera à Newcastle, samedi 17 octobre à 16h CET, pour la cinquième journée de Premier League.

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