Depuis Mark Hughes, aucun attaquant "régulier" des Red Devils n'est sorti du centre de formation pourtant efficace de Manchester United. Portrait du jeune qui pourrait changer ça.


Ca fait déjà longtemps. Sparky, comme il était surnommé, avait rejoint Old Trafford en 1980 alors qu'il n'avait que 17 ans et était encore scolarisé à Wrexham. Ron Atkinson, prédécesseur de Sir Alex Ferguson à la tête de l'équipe première, le lança dans le grand bain trois ans plus tard.

Premier match, et déjà premier but. Une rencontre comptant pour la Milk Cup au Manor Ground d'Oxford United, qui se termina sur un score de parité (1-1) fut le point de départ du voyage de Mark Hughes vers les sommets, lui qui allait plus tard devenir un des héros du Stretford End et une légende de Manchester United.

Hughes, puis plus rien...

Avant Mark Hughes, Norman Whiteside et Andy Ritchie avaient déjà réussi à se hisser de la catégorie juniors à l'équipe réserve, puis à l'équipe première. Mais depuis l'éclosion du Gallois, aucun attaquant "made in Manchester United" n'a été capable de poursuivre sa route sous les projecteurs du Théâtre des Rêves après avoir quitté l'équipe B.

Même la célèbre classe de 1992 qui est née de la refonte du système de formation du club et allait tout exploser sur son passage sept ans plus tard n'était composée que de défenseurs, milieux de terrain, et ailiers. Les heureux élus s'appelaient Ryan Giggs, David Beckham, Paul Scholes, Nicky Butt et Gary Neville.

Après cela, Phil Neville, Wes Brown, Darren Fletcher et John O'Shea ont réussi à forcer le cadenas qui séparait leur monde de celui des grands, et surtout, à faire leurs preuves au plus haut niveau sous le maillot rouge.

Détrompez-vous, il y eut aussi des attaquants de la réserve qui étaient promis à un avenir radieux. David Healy, 28 ans aujourd'hui, meilleur buteur des éliminatoires de l'Euro 2008 avec l'Irlande du Nord, n'a pas réussi à s'attirer les faveurs de Sir Alex. Plus récemment, c'est Giuseppe Rossi, que tout le monde voyait déjà illuminer l'Angleterre de sa classe et de ses buts, qui a pris un aller simple pour l'Espagne et Villareal.

Manque de temps de jeu, manque de patience, ou manque de productivité tout simplement, autant de raisons qui peuvent pousser un jeune à quitter un club mythique. Les attaquants mancuniens, Fergie est donc allé les chercher chez les voisins. Mais à quel prix.

Brian McClair, Eric Cantona, Dion Dublin, Andy Cole, Ole Solskjaer, Dwight Yorke, Ruud van Nistelrooy, Diego Forlan, Wayne Rooney, Louis Saha, Alan Smith, Carlos Tevez ont coûté plus de 100 millions de livres à Manchester United. Quelque chose comme un milliard de francs pour faire de la machine à marquer mancunienne une des plus efficaces d'Europe.

Danny Welbeck pourrait changer tout cela.

Promis à un avenir radieux

Né à Manchester il y a un peu plus de 17 ans, le jeune Danny a grandi à Trinity High dans la banlieue mancunienne, une sorte de centre d'excellence à l'anglaise. Et ce n'est pas un hasard si Sir Alex Ferguson a décidé de l'emmener en Arabie Saoudite cette semaine pour le match amical opposant les Reds à Al Hilal, un match qu'ils ont finalement perdu 3 buts à 2.

Le score aurait pu être de 3-3. Dans les arrêts de jeu de la rencontre, sur une excellente passe en profondeur signée Wayne Rooney, il prit de court la défense adverse avant d'être fauché dans la boîte. Penalty. Décidant de se faire justice lui-même, Welbeck s'élança... mais tira au-dessus!

Ca aurait été la cerise sur le gâteau pour le jeune avant-centre : première apparition, premier but. Comme Sparky. Mais qu'importe. Ses statistiques aux niveaux académique, équipe de jeunes et équipe réserve parlent en sa faveur.

L'apparition de Danny Welbeck ce lundi en remplacement d'Anderson n'est pas le fruit du hasard. Cela montre à quel point Sir Alex le croit capable de réussir de grandes choses pour Manchester United.

Après la finale de la Youth Cup l'an passé finalement remportée par Liverpool (2-1, 0-1, 3-4 aux tirs aux buts), l'Ecossais avait révélé qu'un des jeunes de l'équipe avait devant lui "un grand futur". Il parlait certainement de Welbeck.

Avant ce match en Arabie, les principaux faits d'armes du jeune espoir anglais sont notamment un quadruplé contre West Brom dans un match remporté 7-0 par les jeunes du club, et son premier but avec l'équipe réserve au mois de novembre.

Mieux encore, une légende de Manchester United plaide déjà en sa faveur. L'ancien défenseur Arthur Albiston, qui commente aujourd'hui les rencontres de l'Academy et des réserves sur MUTV, la chaîne de télévision du club, pense que Welbeck peut rapidement grimper les échelons sous les ordres de Sir Alex Ferguson.

Un autre style de jeu

"Dans le passé, Arsenal a eu Kanu, maintenant c'est Emmanuel Adebayor. Et je pense que Danny Welbeck a un style de jeu qui peut donner la même chose", a déclaré Albiston.

"Il a le talent nécessaire pour passer les défenses. Il a un style un peu nonchalant et au premier coup d'oeil, vous pourriez penser qu'il n'est pas très rapide. Mais croyez-moi, il l'est."

"Il a une superbe vision du jeu. En plus, alors que souvent les joueurs grands de taille ne semblent pas à l'aise avec le ballon, Danny est très confiant balle au pied et il a un excellent toucher de balle."

"Il peut battre ses adversaires directs que ce soit avec le pied droit ou le pied gauche. Et pour ce qui est du tempérament, il ne se laisse jamais aller. Il peut prendre des coups, il se relèvera et continuera à jouer sans s'énerver."

"United a Wayne Rooney ou Carlos Tevez qui sont des joueurs avec un centre de gravité assez bas, des joueurs puissants. Danny Welbeck peut, s'il continue sur cette lancée, offrir un autre style de jeu à Sir Alex Ferguson."

"Mais le problème est qu'il semble plus difficile pour un attaquant de percer dans un club comme United. La chose la plus dure dans le football est de mettre le ballon au fond et un grand club se doit de toujours avoir des joueurs qui peuvent répondre à cette attente."

"Former des défenseurs et des milieux de terrain est plus facile. Les buts vous font gagner des matchs et aucun grand club ne peut se permettre d'attendre qu'un joueur spécial ne perce dans l'équipe première. Ca doit être instantané."

"Mais quand vous avez un joueur spécial qui émerge, c'est excitant, et Danny est déjà très bon pour son âge."


Il en a montré quelques signes lundi à Ryad, malgré ce penalty manqué...

"Le fait qu'il se soit proposé pour tirer le penalty montre qu'il a du tempérament", poursuit Arthur Albiston.

"Vous êtes en face de 70.000 personnes. Même si c'était un amical, l'atmosphère était énorme et ça pouvait peser pour un joueur de 17 ans. Mais faire des voyages comme celui-ci ne peut que l'aider. Je me souviens que dans les années 1970 on faisait des tournées et on jouait à Bangkok en face de 100.000 personnes. Une expérience comme celle-là, ça ne s'achète pas."

"Si vous avez assez de caractère pour surmonter cette pression, alors ça peut sérieusement aider pour jouer dans l'équipe première à United. Danny peut jouer à ce niveau et les supporters placent déjà beaucoup d'espoirs en lui."

Sur le forum