Canto, le showman
Manutd.com consacre une semaine au génie d'Eric Cantona à l'occasion de la sortie en Angleterre du film de Ken Loach Looking for Eric, dans lequel Cantona joue son propre rôle. Aujourd'hui, voyons comment Canto faisait le spectacle sur le terrain.
![](/storage/images/105592854353f01e9508ea55.22802568.jpeg)
Chaque joueur du top niveau qui entre sur le terrain sait que le monde entier a les yeux posés sur lui. Mais très peu d'entre eux ont les tripes pour fixer dans les yeux en retour. Dos cambré, pectoraux en avant, Eric Cantona paradait littéralement autour du terrain, étalant son plumage sans honte. Regarder United jouer pendant les années 90 ce n'était pas juste un voyage pour voir du football, c'était surtout assister aux aventures hebdomadaires du bouillant Français.
Ses réactions exagérées (normal pour un Marseillais) avec les mains posées sur les hanches ou jetées dans tous les sens, n'étaient pas simplement adressées aux personnes dans son voisinage mais c'était un cadeau d'une star à son audience, une idée de l'humeur qui habitait le chef. Cantona avait la capacité de faire tout ce qu'il voulait avec le ballon, il pouvait jouer simple et ne se lassait pas d'offrir des passes parfaites à ses coéquipiers. Mais son besoin d'amuser, éclaboussé par son panache, sortait de la routine d'un simple bon joueur.
Canto n'a jamais perdu de vue que le football, c'était avant tout de l'amusement. D'où son mépris à peine caché pour tous ceux qu auraient pensé à tuer le jeu avec de la négativité ou des tactiques frileuses, comme le montre son commentaire de "porteur d'eau" à l'encontre du milieu récupérateur français Didier Deschamps. Cantona était sûr de lui et fier, c'était impossible à ignorer. C'était même une source de critiques des fans adverses qui ne pouvaient pas le voir, le décrivant comme imbu de lui-même, prétentieux et hautain.
Certes il avait une réputation sulfureuse de bad-boy dans le football français, réputation méritée à coups d'expulsions répétées et de sorties houleuses envers les autorités hexagonales (Henri Michel, sélectionneur national, traité de "sac à merde", ou encore son maillot jeté sur un arbitre...). Tout ça en faisait un joueur capable d'attirer à lui l'attention de toute la planète. D'ailleurs ce n'est pas surprenant de constater que Cantona avait été choisi par une des plus grandes marques du monde, Nike, comme fer de lance de plusieurs campagnes de pubs, même longtemps après sa retraite.
Rappelez vous de la plus signifiante d'entre elles : en 1996, une équipe réunissant les plus grandes stars de l'époque (Maldini, Ronaldo, Rui Costa, Figo, Kluivert, Davids...) doit affronter une horde de démons venus détruire le beau jeu à coups de plaquages, coups de coude et coups de tête (digne du Wimbledon de Vinnie Jones). Qui vient en fin de pub contrôler de la poitrine, relever son col et crucifier le diable après un "au revoir" bien senti ? Canto bien sûr, qui d'autre aurait pu ?
Avant celle-là, une autre pub Nike, peut-être sa meilleure (Canto maniait le second degré dans un vestiaire, imitant la scène mythique de Marlon Brando dans Apocalypse Now), avait accompagné la suspension de neuf mois de Cantona. Des affiches plaidaient "Il a payé pour ses crimes, maintenant c'est à leur tour de payer." A qui ? A Liverpool bien sûr. Suivi à la loupe pour son retour par des caméras fixées sur lui, il fallut seulement deux minutes à Canto pour offrir l'ouverture du score à Nicky Butt, avant qu'il n'ait le dernier mot en marquant sur pénalty. Non content de son but, Cantona alla célébrer son but d'une danse jubilatoire devant le Scoreboard End, donnant à la presse de quoi faire son lundi matin.
Jamais avant lui il n'y avait eu quelqu'un d'autant observé durant un match. Mais pour Canto, c'était juste une autre occasion pour briller sous les projecteurs. Une autre grosse occasion comme les deux finales de FA Cup qu'il a disputées, marquant trois buts. Il termina les saisons à titre 1993/94 et 1996/97 meilleur buteur, marquant un paquet de buts capitaux dans le lot. Plus il y avait de pression, mieux Cantona jouait. Certains pouvaient pointer l'inconstance du Français en Ligue des Champions (5 buts en 16 apparitions) mais le fait est que United n'a jamais abordé comme il fallait cette compétition européenne pendant l'époque Cantona.
Il y eut d'ailleurs une défaite qui fit sérieusement réfléchir Cantona dans sa décision de prendre sa retraite. En avril 1997, United joue une demie finale contre le Borussia Dortmund et se fait sèchement battre, 1-0 en Allemagne et 1-0 à Old Trafford au retour. Le mois suivant, une conférence de presse était tenue et son départ était annoncé, sans avertissement préalable (Cantona n'a pas non plus supporté d'être évincé de la Coupe du Monde 1998 par Aimé Jacquet qui ne pouvait pas le blairer, surtout depuis le kung-fu kick). Il n'y a donc pas eu de chant du cygne ni de relégation au fond de la scène, simplement un dernier éclat plein d'emphase, un coup de sang comme on y était habitué. Comme pour tout homme de spectacle quoi. Il n'est pas étonnant de voir que Cantona ne s'est pas (encore) reconverti dans le football, mais dans le cinéma, c'était une suite logique.
Sur le forum
EricLeRouge, le 30 janvier 2025 à 11:52
Il y a 2 heures, RedDidDevil a dit :Blackburn était costaud à l'époque , on ne saura jamais vraiment si sa présence aurait fait la différence (sûrement évidemment)
oui, mais non (lol)
j'oublierais jamais l'analyse de SAF à la fin de la saison : avec la suspension de Canto, MU a terminé le championnat à 1 pt de BB, ce en faisant 3X 0-0 sur les 3 derniers matches
et donc il disait : ne me faites pas croire qu'avec Eric sur la pelouse, nous n'aurions pas marqué au moins 1 but sur ces 270 minutes !!!???
et bien sur, tout le monde sera d'accord avec ça 😉
RedDidDevil, le 30 janvier 2025 à 11:03
il y a 6 minutes, Red panther a dit :Et ouais, à l'époque, on avait des joueurs qui s'en prenaient à des drouatardés xénophobes et qui n'avait pas peur de le faire publiquement. Pas le même genre "d'homme" qu'un certains gland vendu au pays du pastis qu'on ne nommera pas.
Au passage, Matthew Simons, le "fan agressé", avait aussi fait l'objet d'une poursuite judiciaire. Suite au différents témoignages des personnes sur place, il a été reconnu comme responsable du déclenchement des hostilités (crachats, insultes) et fut condamné pour trouble à l'ordre public à 500 livres d'amendes et une année d'interdiction de stade. A l'annonce du verdict, il a tenté d'étrangler le procureur... outre de nombreux faits de violence, il fut également condamné en 2011 pour avoir tabassé l'entraîneur de son fils.
Entre deux provocations sur le sujet, et une absence de regret toujours assumée, Canto déclarera à la BBC : "ce genre de gars n’a pas sa place dans un stade. […]. Je pense que c’est comme un rêve pour plein de gens. Frapper ce genre de mec. Je l’ai fait pour eux. Pour qu’ils soient heureux". L’ ancien joueur et consultant sportif Frédéric Waseige ajoutera : "il fait ce que des dizaines, voire des centaines de footballeurs rêveraient de faire, tellement on se fait insulter tout le temps. Personne n’ose. Mais Cantona, c’est un footballeur tellement au-dessus de tout, qu’il s’en fout un peu des conséquences. Et lui, il a osé ce jour-là."
En Angleterre a cet époque , les drames avec des supporters sont encore chaud dans les têtes !
Quand tu vois qu'il n'y a pas grand chose qui sépare le public des joueurs , ca aurait put vite dégénéré !
Heureusement c'est juste un C....qui a pris un Kung Fu Kick
Red panther, le 30 janvier 2025 à 10:53
Le 28/01/2025 à 11:47, RedDidDevil a dit :30 ans hier
Quand on y repense c'était quand même un truc de fou 😱
Et ouais, à l'époque, on avait des joueurs qui s'en prenaient à des drouatardés xénophobes et qui n'avait pas peur de le faire publiquement. Pas le même genre "d'homme" qu'un certains gland vendu au pays du pastis qu'on ne nommera pas.
Au passage, Matthew Simons, le "fan agressé", avait aussi fait l'objet d'une poursuite judiciaire. Suite au différents témoignages des personnes sur place, il a été reconnu comme responsable du déclenchement des hostilités (crachats, insultes) et fut condamné pour trouble à l'ordre public à 500 livres d'amendes et une année d'interdiction de stade. A l'annonce du verdict, il a tenté d'étrangler le procureur... outre de nombreux faits de violence, il fut également condamné en 2011 pour avoir tabassé l'entraîneur de son fils.
Entre deux provocations sur le sujet, et une absence de regret toujours assumée, Canto déclarera à la BBC : "ce genre de gars n’a pas sa place dans un stade. […]. Je pense que c’est comme un rêve pour plein de gens. Frapper ce genre de mec. Je l’ai fait pour eux. Pour qu’ils soient heureux". L’ ancien joueur et consultant sportif Frédéric Waseige ajoutera : "il fait ce que des dizaines, voire des centaines de footballeurs rêveraient de faire, tellement on se fait insulter tout le temps. Personne n’ose. Mais Cantona, c’est un footballeur tellement au-dessus de tout, qu’il s’en fout un peu des conséquences. Et lui, il a osé ce jour-là."
RedDidDevil, le 30 janvier 2025 à 9:38
Il y a 10 heures, EricLeRouge a dit :ce coup de folie nous a couté le titre, mais j'arrive quand même pas à lui en vouloir (au contraire même) 🤩
Blackburn était costaud à l'époque , on ne saura jamais vraiment si sa présence aurait fait la différence (sûrement évidemment)
Mais son coup de sang est légendaire
RedDidDevil, le 30 janvier 2025 à 12:00
je me souviens aussi de ces mots 😉
c'est ce qui fait aussi partie du coté légendaire de l'histoire tu rajoute a cela son retour à Old Trafford vs Liverpool , avec des drapeaux francais dans les tribunes , la musique de Bill Conti quand les joueurs rentrait sur la pelouse ( quelle tristesse de l'avoir changé )
Sans le Kung fu Kick cette entrée serait simplement l'entrée des équipes lors du Derby
Là c'est devenu Le retour du Roi et je parle pas d'Aragorn