Le plus grand de l'Histoire ?

Alors que Sir Alex a fêté il y a quelques jours son 23e anniversaire en tant qu'entraîneur de Manchester United, le Manchester Evening News pose la question suivante : Fergie est-il la plus grande personnalité de l'Histoire du sport?


Deux Coupes d'Europe, plus de trophées de Premier League qu'il n'a certainement de place pour tous les ranger, fait chevalier par la Reine - il serait probablement élu premier ministre s'il venait à débuter une carrière politique!

Après une carrière longue de 35 ans, qui est toujours dans la pente ascendante qui plus est, il semble inutile de se demander si Sir Ferguson est le plus grand entraîneur que le football ait jamais connu. Avec son succès permanent au plus haut niveau, son pouvoir de se réinventer pour lui permettre de rester là où il est et sa contribution à élargir un peu plus les limites du monde du football, le statut de Ferguson doit être mesuré au delà du contexte du sport dans lequel il opère.

Mohammed Ali, Tiger Woods, Dennis Compton, Roger Federer, Michael Jordan. L'Ecossais de 67 ans pourrait bien rivaliser avec ces grands noms dans au petit jeu de celui qui a le plus de médailles. Bien sûr, toute comparaison entre deux athlètes de deux sports différents comporte son lot de difficultés, et certains diront sans doute qu'il est impossible de mesurer leurs succès respectifs.

Est-ce que Woods est meilleur golfeur que Pelé est footballeur? Et comment comparer un entraîneur à un athlète, comme Federer ou Jordan? Essayons quand même. Ferguson a remporté 34 trophées majeurs dans sa carrière en tant qu'entraîneur, contre 15 à Federer ou 14 pour Woods.

Ali a été trois fois champion du monde des poids lourds et a été champion olympique à Oslo. Sur ses 61 combats, il en a gagné 56 - trois de ses défaites sont intervenues dans les quatre dernières apparitions de sa carrière. Jordan a emporté six titres NBA avec les Chicago Bulls et a été élu MVP à cinq reprises.

Compton était un joueur de cricket qui en 20 ans, a comptabilisé 123 first-class centuries. Pendant son temps libre, il a gagné un titre de champion et une FA Cup avec Arsenal, et est même allé se battre pendant la seconde guerre mondiale.

C'est vrai que le succès de Ferguson s'est étendu sur une plus longue période que celles à disposition des formidables sportifs auxquels on le compare, mais c'est justement cette longévité qui est remarquable. Le fait qu'il n'ait pas à s'opposer physiquement à des adversaires est un avantage évident, mais qu'il soit resté à la tête d'un club pendant 23 ans relève de l'anomalie dans le football moderne.

Les sceptiques affirmeront que la réussite de Bob Paisley avec Liverpool sur une période bien plus courte en fait le plus grand entraîneur. Mais c'est le succès continu de Ferguson, année après année, qui est la vraie mesure de sa grandeur. Sa capacité à s'adapter au visage changeant du football, d'une façon dont ne nous pouvons simplement pas savoir si Paisley aurait pu mettre en place, est ce qui fait de lui le plus grand entraîneur de tous les temps.

Tout comme Ali qui a vu son statut légendaire confirmé par sa capacité à venir à bout de l'adversité, avec notamment ses combats épiques contre Joe Frazier ou George Foreman, Ferguson a connu ses plus grands moments face à ses plus grands défis.

Par exemple, lorsque les millions de Jack Walker coulaient du côté de Blackburn, Ferguson a choisi une autre alternative. Plutôt que d'adopter la force brute et d'essayer de dépenser au moins autant pour venir à bout du rival, il misa tout sur les jeunes. Le résultat? Ryan Giggs, David Beckham, Paul Scholes. Une flopée de titres, la naissance d'un des footballeurs les plus célèbres de l'Histoire - et malheureusement de sa femme - et le noyau de United et de la sélection anglaise pour les années à venir.

En 1998, quand Arsène Wenger débarqua en Premier League avec un style jamais encore vu dans le Royaume en 1998, ceux qui voyaient là la fin de l'Ecossais se trompaient. Encore une fois, il prit le dessus et répondit avec une équipe qui domina l'Europe et devint la première équipe d'un grand championnat à remporter le triplé, le fameux Treble.

Après ça, il y eut Roman Abrahamovitch et ses milliards, venu avec un dandy culotté, une version plus jeune, plus classe et plus arrogante que Ferguson. Après deux titres lors de ses deux premières saisons, il semblait que celui-ci ait enfin permis à Fergie de trouver son maître. Alors que beaucoup lui promettaient un déclin éclair, l'Ecossais fit encore une fois mordre la poussière à ses détracteurs avec trois titres d'affilée et deux finales de Coupe d'Europe consécutives. Et à moins de deux mois de son 68e anniversaire, certains signes tendraient à dire qu'il est encore meilleur.

Les trois dernières années ont été les plus couronnées de sa carrière. Dans n'importe quelle profession, qui pourrait dire cela 35 ans après ses débuts?

Et le succès de Ferguson ne se limite pas au nombre de titres qu'il a remportés. La Premier League a une énorme dette envers lui. Car aussi difficile que cela puisse être à admettre pour les supporters des équipes rivales, la popularité de la Premier League intervint à l'époque où les Red Devils trustaient le haut du classement chaque année.

Lorsqu'il remporta son premier trophée, United valait 10 millions de livres. En 2000, c'était le premier club à dépasser le milliard.

Comment Ferguson se débrouillerait-il face à l'argent engrangé par Woods et Jordan avec Nike? La marque américaine a elle aussi capitalisé sur la réussite mancunienne pendant ces dernières années.

Avec tout ceci, il y en a encore qui refuseront d'admettre que Sir Alex Ferguson est le plus grand entraîneur de tous les temps. Mais c'est ce qui en fait aussi la beauté du sport, c'est qu'on peut confronter ses opinions. En revanche, personne ne peut nier qu'il a sa place au panthéon des plus grands personnages de l'Histoire du Sport, où son succès phénoménal le fait entrer sans aucun doute possible.

Innovateur, artiste, battant, adversaire redoutable psychologiquement et figure paternelle tout à la fois : certains l'aiment, d'autres le détestent, mais sa réussite permanente à son poste ne peut qu'être admirée.

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