Présentation de l'effectif (1/3)

Commençons par les maîtres à bord, les leaders d'hommes de l'équipage. Lorsque l'on voit Vidic, le capitaine, et Evra, son second, on ne peut être sûr que d'une chose : si, par le plus grand des malheurs, le navire mancunien venait à sombrer dans les abysses de la Premier League, alors ces deux-là couleraient dignement avec. Le point commun que partagent ces deux zélés, c'est une totale incertitude sur leur niveau de forme actuel.

Pour Vidic, connu à travers toutes les mers sous le nom de "pirate-au-genou-de-bois", la saison précédente fut, à l'image de son équipe, pour le moins éprouvante. En plus de connaître le calvaire collectif et l'élimination précoce en Ligue des Champions face au sulfureux FC Bâle, il aura connu un véritable supplice individuel lorsqu'un contact avec le géant Streller l'aura mis au tapis. Et ce pour toute la saison. Véritable chute d'un colosse aux pieds (ou plutôt au genou) d'argile, cette image reste gravée dans les mémoires mancuniennes comme l'allégorie de cette soirée cauchemardesque.

Mais aujourd'hui, Nemanja est rétabli de cet épisode, et s'il parvient à retrouver les dispositions physiques en adéquation avec son jeu, nul doute que sa pugnacité, sa poigne, sa puissance, son tranchant et sa volonté seront les bienvenus lors des futurs abordages. Il pourrait combler une partie des soucis de l'équipe en terme de puissance aussi bien au sol que dans le domaine aérien. Si Ferguson semble vouloir voir son équipe évoluer vers un jeu plus rapide, fluide et élégant, on ne peut pas imaginer le gaffer se passer de son rugueux défenseur, qui pourrait sans soucis être associé à son penchant technique tels que le complice Ferdinand, l'émergent Evans ou, dans une moindre mesure, le prometteur Smalling. Le Serbe d'acier reste après tout le capitaine du navire...

Evra, quant à lui, a pris les commandes des opérations la majeure partie de la saison passée, en l'absence du capitaine à bord. Avec plus ou moins de succès, on en conviendra. Et on conviendra également que, sur la dernière saison plus que toute autre, son statut d'indiscutable dans le 11 de départ mancunien commence à s'effriter, à s'éroder comme les roches exposées aux incessants déferlements d'une mer houleuse. Le chancellement défensif et la stérilité offensive d'Evra l'ont exposé à de vives critiques de la part de ceux qui ont pu noter son inquiétante régression. Aussi, son cas ne laisse personne indifférent. Tandis que certains se laissent aller à un fatalisme qui suggère que le numéro 3 n'aura plus jamais sa place à bord du navire mancunien, d'autres se livrent à un fanatisme qui garde l'image immuable d'un Evra indiscutable de par ses prestations magistrales.

Un proverbe anglais dit qu'une mer calme n'a jamais fait un bon marin. Et cela fait maintenant trop longtemps que le Français navigue en eaux paisibles. La faute à Sir Alex, et à la confiance et au crédit éternels qu'il accorde à son joueur. Ou bien peut-être un enchaînement prodigieux de matchs chaque saison qui commencerait à peser sur l'organisme vieillissant du défenseur ? Il existe pourtant un remède à ces deux tares, j'ai nommé la concurrence. Remède parfois ô combien amer pour le principal intéressé, mais diablement efficace.

Mais avec le départ en prêt de Fabio et la relative inertie de United sur le  marché des transferts, pas sûr que Sir Alex souhaite administrer ce remède à son protégé. Chacun ne peut alors qu'espérer un sursaut d'orgueil, une réaction, une prise de conscience dans un soudain excès de lucidité de la part de Ferguson ou d'Evra. Et le recrutement ou les performances qui vont avec. L'avenir du flanc gauche de notre défense, trop souvent assiégé la saison passée, semble en dépendre...