Présentation de l'effectif (3/3)

La vigie

Du haut de sa hune, la vigie mancunienne surveille l'azur infini de l'horizon. Pour s'occuper d'un poste qui, la saison passée, n'a pu être assuré que sporadiquement par le controversé Rooney, United est allé chercher un nouvel élément sur les bords de la Ruhr, à Dortmund plus précisément. C'est donc après avoir conquis le Pacifique japonais et les Länder allemands que Shinji Kagawa embarque à bord du navire rouge, pour prendre place dans les hauts sommets de l'embarcation. Et qui mieux que la puce Japonaise pour s'occuper du poste ? Une vision du jeu millimétrée, une réelle faculté d'anticipation, une lucidité en toutes circonstances...rien ne semble pouvoir échapper au regard perçant du nouveau numéro 26. De son poste en retrait, le rôle de Kagawa sera très certainement de trouver les espaces, les brèches dans les défenses des navires adverses au cours des futurs abordages. Pour ensuite servir ses coéquipiers dans ces mêmes espaces.

Mais ne voyez pas en Shinji un joueur qui se contente d'amorcer des offensives, pour regarder ses équipiers se lancer à l'assaut des rangs adverses. Il est également capable de descendre de son poste, de prendre les armes, et d'apporter un surnombre bienvenu au cours des sièges offensifs de son équipe. Car ce qui fait l'intérêt tactique du Japonais, c'est une totale liberté de mouvement sur le front de l'attaque. Kagawa a bien un poste, mais n'a pas pour habitude de s'y cantonner sagement, ce serait contraire à son jeu et à ses dispositions. Ses dispositions, justement. Un niveau technique stratosphérique, une vitesse exécution et une capacité d'enchaînement supersoniques, un altruisme prononcé... Il semblerait que Kagawa soit la clé qui permette d'ouvrir la porte à une multitude d'options offensives pour l'équipe. Une porte devant laquelle les Red Devils se sont souvent trouvés pantois et impuissants la saison passée, lorsqu'une domination technique au milieu du terrain (assurée par le tandem Carrick-Scholes) n'aboutissait malheureusement que sur un manque de spontanéité, d'audace, d'inspiration et de solutions à l'approche des buts adverses. On peut se plaire à penser que notre nouvelle recrue vienne résoudre ces problèmes, s'il dispose autour de lui de coéquipiers perpétuellement en mouvements, mais aussi de la liberté tactique inhérente à son jeu. Car si Kagawa ne devrait avoir aucun problème à se fondre dans le collectif, tout en prenant ses marques au sein d'un championnat anglais qui laisse de plus en plus de place à l'aspect technique du jeu (David Silva aime ça), la seule entrave à son adaptation pourrait être les consignes tactiques intransigeantes de Ferguson. Reste à savoir si SAF veut une vigie disciplinée, ou en bonus une arme offensive tout terrain...

L'artilleur

Puisque les abordages en douceur et en toute discrétion ne fonctionnent pas toujours, et puisque il faut un peu de brutalité dans ce monde de doux, chaque navire doit s'armer d'un attirail explosif pour faire sauter les défenses ennemies. A United, cet attirail est entre les mains de la bombe Valencia. Torpiller, canonner, faire sauter... Celui qui a été élu meilleur joueur la saison passée sait tout faire. Lorsque l'équipe manque de tranchant, de puissance, de percussion, de vitesse, de rythme, c'est Tonio qui s'occupe de mettre le feu aux poudres des rangs adverses. En plus de pouvoir créer de dangereuses brèches dans lesquelles ses partenaires s'engouffrent, l'ailier est aussi capable de délivrer de délicieuses offrandes, que ces mêmes partenaires ne manquent pas de transformer en buts. Enfin si parfois... Comptez tout de même une bonne dizaine de passes décisives la saison passée, une petite poignée de buts, et une pléiade de reins cassés par la flèche équatorienne.

Malgré un début de saison dans l'ombre d'un Nani et d'un Young qui se chargent alors de l'animation des couloirs, le stoïque et impavide numéro 25 a su reprendre du poil de la bête. La bête en question, ce devait d'ailleurs être un loup, puisque le réveil de l'ailier s'est produit au cours d'un match contre les Wolves à Old Trafford. Enfin on retrouvait un Valencia entreprenant, audacieux, tranchant, à son poste de prédilection (signalons ses quelques apparitions en tant qu'arrière droit). Et on aura le plaisir de voir ce Valencia monter progressivement en puissance, pour atteindre un formidable niveau au cours de la phase retour du championnat. Avec un mythique numéro 7 dans le dos, les responsabilité du canonnier de l'équipage se sont accrues. Ce qui ne risque pas de monter à la tête du plus imperturbable des pirates. Encore cette saison, Tonio, de par sa puissance explosive, sa vitesse de feu et son ardeur au combat, sera celui qui fera sauter le verrou de bien des défenses. A notre plus grand plaisir.

A l'abordage !

Lorsque United croise le fer avec un navire adverse, c'est toute son armada offensive, sabre entre les dents, qui se jette au front. Les exemples ne manquent pas : de l'imprévisible Chicharito au talentueux Welbeck, en passant par le capricieux Rooney, l'irrégulier Nani et l'inqualifiable Young. Et tandis que Berbatov s'apprête à quitter le navire et que Macheda attend sur le ponton, prêt à être jeté aux requins, United décide de venir renforcer un secteur offensif pourtant déjà pléthorique avec ce qui s'annonce comme l'un des recrutements phares de cet été 2012. Véritable terreur des eaux anglaises, ancien capitaine qui menait parfois à lui seul l'embarcation des Gunners la saison passée, Robin Van Persie a été pris dans les filets du navire rouge. La légende se murmure alors à travers toutes les mers de la perfide Albion, et le génial gaucher à la chevelure grisonnante s'apprête à participer à ses premiers abordages avec son nouvel équipage, après avoir pillé de nombreux vaisseaux la saison passée (avec 30 buts à la clé).

Alors, l'arrivée de Van Persie, formidable coup permettant un renfort de premier choix dans le secteur offensif ? Ou bien déséquilibre pernicieux de l'effectif avec une concurrence de poids dans un secteur pas forcément en reste (89 buts inscrits la saison passée, soit 4 de moins que le champion City) ? La réponse ne semble pas pouvoir être donnée dans l'immédiateté des choses, et elle sera conditionnée par les performances du Hollandais en parallèle de celles des autres attaquants, mais également par les choix de Ferguson. Car cette saison plus que jamais, Fergie dispose d'un nombre incommensurable d'options dans le secteur offensif. Si le tandem Rooney-Van Persie fait trembler plus d'un navire, l'association de ce duo de feu avec l'autre recrue Kagawa ne semble à priori pas évidente dans un soucis d'équilibre de l'équipe. A moins qu'une concurrence saine, équilibrée et surtout universelle ne s'applique entre les attaquants de l'équipe ? Cette optique semble la plus intéressante, puisqu'elle permettrait tout simplement aux meilleurs de jouer. Dit comme ça, cela paraît idiot et simplissime. A Welbeck et Chicharito, qui semblent subir les effets délétères de la venue de Van Persie, de montrer qu'ils peuvent bousculer cette hiérarchie qui se dessine dans l'esprit de chacun. Et à Ferguson de faire preuve de flair, d'ouverture d'esprit et d'une totale équité dans ses choix. Une chose est certaine, la qualité est là. Et bien des épaves vont couler lorsqu'ils viendront se frotter à cette édition 2012-13 du navire des Red Devils. On est en droit de l'espérer...