On va un peu parler du Ballon d'Or. Non non non, il ne s'agit en aucun cas de faire descendre Kakà de son piédestal. Même si on aurait bien vu Ronaldo sacré, avec du recul, le Brésilien mérite son trophée.


Pas question de citer Kakà donc. Alors, de quoi vais-je bien pouvoir vous parler? Et bien, du grand bordel que représente le Ballon d'Or depuis plusieurs années maintenant.

27 novembre 2006, Paris. Fabio Cannavaro se voit remettre le Ballon d'Or par la délicieuse Monica Bellucci. Francs applaudissements sur le plateau, franche rigolade ailleurs. Comment a-t-on pu attribuer le titre de meilleur joueur du monde à Fabio, même champion du monde en titre?

Sa Coupe du Monde a été superbe, certes. Parfait de bout en bout, "Il Muro" a certainement joué un grand rôle dans la victoire finale de la Squadra Azzura. Mais que dire de la suite de sa saison avec le Real Madrid, plus délirante qu'autre chose, où tous les attaquants d'Europe et d'Espagne ont passé sans forcer un mur qui avait plus des allures de ruine que de forteresse?

Ce n'est plus un secret : celui qui gagne le plus grand trophée mis en jeu pendant la saison qui vient de se terminer sera sacré. Si Kakà vainqueur de la C1 en 2007 ne l'a pas volé, on ne peut donc pas en dira autant de Cannavaro en 2006. Or, il paraîtrait que le critère numéro 1 est l'ensemble des performances individuelles et collectives pendant l'année considérée (règlement du Ballon d'Or, article 9).

Enfin bon, c'est du passé... N'empêche que le Ballon d'Or a du coup pas mal perdu en crédibilité.

Revenons donc au classement 2007. En tant que Mancuniens purs et durs, on va s'amuser à comparer les classements de nos quatre Red Devils avec les 46 autres nominés (Carlos Tevez n'étant mancunien que depuis cet été, il ne figurera pas dans ce comparatif).

Cristiano Ronaldo, 2e : une deuxième place tout à fait méritée tant il a été brillant. On l'aurait bien vu tout en haut du podium étant donné son implication avec succès dans bon nombre de compétitions cette année. Mais le succès de Kakà n'est pas immérité, loin de là.

Wayne Rooney, 26e : là, on peut commencer à se marrer. Champion d'Angleterre. Demi-finaliste de la Champions League. Finaliste de la Cup. Meilleur buteur ex aequo du club la saison passée, avec Cristiano Ronaldo et 23 buts. En feu depuis le début de la saison 2007-2008, qui est également prise en compte.

Alors, quels sont les 25 joueurs qui ont été meilleurs que Rooney en 2007?

Cesc Fabregas, qui est excellent, mais depuis cet été seulement, et n'a rien gagné du tout? Pas mal.

Thierry Henry, qui n'a joué que janvier et février avec Arsenal et n'est pas encore à plein régime avec le Barça? Bon allez, mais c'est plus que limite.

Freddie Kanouté, vainqueur de la Coupe de l'UEFA et qui a un taux de buts par match assez impressionant en Liga? ...

Steven Gerrard, qui n'a rien gagné du tout avec une équipe de Liverpool à la rue en Premier League en 2006-2007 avec 20 points de retard sur Manchester United, et fantômatique avec la sélection anglaise?

Filippo Inzaghi, remplaçant au Milan AC, qui ne peut se targuer que de deux buts en finale de la Ligue des Champions? Franck Ribéry, qui n'a rien gagné en 2007, hormis un titre de meilleur buteur de la Coupe de la Ligue allemande? Fabio Cannavaro (encore lui)?

Bon allez, on va arrêter là. Le fait est que Rooney aurait certainement mérité d'être plus haut dans ce classement, c'est indéniable.

Ryan Giggs, 30e : 1 point pour Ryan. 1 petit point. Autant dire, rien. Giggsy termine derrière un obscur joueur irakien, Younis Mahmoud, dont personne ne soupçonnait l'existence avant qu'il ne marque il y a 4 mois le but de la victoire en Coupe d'Asie des Nations.

Rappelons au passage les trois autres critères pour récompenser le Ballon d'Or. Un : la classe de joueur. Talent. Fair-play. Pour le fair-play, Giggsy est mal placé, n'oublions pas qu'il a mis un but proprement scandaleux au LOSC en février (sic), et que Claude Puel en fait encore des cauchemars. Quelle blague. Pour le talent... sans avoir vu énormément de matchs de Mahmoud cette saison, je ne pense pas qu'il tienne la comparaison face à un des joueurs les plus flamboyants du Royaume ces 10 dernières années. Giggsy 1 Mahmoud 0.

Deux : la carrière. Là, j'hésite. D'un côté, Younis Mahmoud, 24 ans, vainqueur de la Coupe d'Asie des Nations et de la Coupe Sheikh Jassem de Qatar. De l'autre, Ryan Giggs, 34 ans depuis jeudi, 9 titres de champion d'Angleterre, 1 Champions League, 1 Coupe Intercontinentale, 2 Cups, 2 Carling Cups, une carrière exemplaire. Bon allez : ça-se-ra-toi-qui-ga-gne-ra. Just kidding : Giggsy 2 Mahmoud 0.

Trois : personnalité, rayonnement. Comme je l'ai dit plus haut, Mahmoud, avant cette saison, passait pour un parfait inconnu. Ryan Giggs brille depuis 1990 sur la scène nationale et européenne. Giggsy 3 Mahmoud 0. Désolé Younis.

Pour ceux qui enfin aiment se bran*** sur les stats, et qui trouvent que Ryan Giggs n'a pas été asez brillant dans ce domaine, sachez juste qu'il a donné quatre passes décisives en 90 minutes un soir de fête contre l'AS Rome (7-1). Et qu'il a terminé meilleur passeur de la compétition.

Paul Scholes, dernier : pour mémoire, Scholes a terminé 3e meilleur joueur de la saison 2006-2007, derrière les intouchables Ronaldo et Rooney. Un podium qui est venu récompenser une saison superbe, alors que blessé à l'oeil en 2005, beaucoup ne s'attendaient pas à un tel retour en puissance.

Oui mais voilà : Scholes est probablement un des joueurs les plus sous-médiatisés de la planète. Et là, on oublie tout : le talent, les buts, les passes décisives. La perfection. Non seulement Scholesy terminera derrière Mahmoud, mais il termine également derrière Carlos Tevez qui a été muet pendant plusieurs mois à West Ham et a presque été relégué avec West Ham... et derrière tous les autres.

Paul Scholes n'a pas eu de vote. C'est aussi simple que ça.

Voilà pour notre tour mancunien des nominés au Ballon d'Or. Je vois d'ici ceux qui rigoleront en se disant qu'après tout, on est juste des mauvais perdants.

Mais comme je l'ai déjà dit, il n'est pas ici question de contester le sacre de Kakà. Et après tout, on peut également établir d'autres comparaisons. Drogba méritait-il de terminer derrière Leo Messi, après une saison énorme? Gattuso et Seedorf, derrière Gerrard et Totti? Diego, du Werder, derrière Guillermo Ochoa de l'America Mexico?

Bref, merci France Football de nous permettre chaque année de passer un bon moment de franche rigolade. Encore une fois, tant que le topic Ballon d'Or de notre forum croule sous les rires, c'est l'essentiel.

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