Le symbole du sacre
Le milieu Ryan Giggs a remporté samedi un onzième sacre de champion d'Angleterre avec Manchester United, son club de toujours où il a passé ses 18 années de footballeur professionnel.
Aucun joueur n'a un tel palmarès. Aucun n'a autant porté le maillot de Manchester. Contre Arsenal, il s'agissait de la 805e fois depuis que Sir Alex Ferguson avait envoyé cet adolescent de 17 ans remplacer Denis Irwin un après-midi de défaite contre Everton le 2 mars 1991.
Autant que son entraîneur Sir Alex Ferguson, Giggs, qui n'a "jamais" envisagé de quitter le club, il incarne le retour au premier plan de Manchester. De la déception du titre perdu face à Leeds en 1992, à la joie du premier sacre de l'ère Ferguson en 1993, jusqu'au tir au but décisif en finale de la Ligue des champions contre Chelsea l'an passé, Giggs a effectué toute la route.
Giggs, 35 ans, a marqué lors de chaque saison, faisant trembler près de 150 fois les filets adverses. Avec des moments mémorables, comme ce but en demi-finale de la Coupe d'Angleterre contre Arsenal, en 1999, l'année du triplé, qui reste officiellement "le plus beau de l'histoire" de cette compétition.
Il s'est installé rapidement sur l'aile gauche, où son sens du dribble, sa vitesse et ses passes assassines en font un favori d'Old Trafford qui chante ses exploits:
"Ryan Giggs, Running Down The Wing, Feared By The Blues, Loved By The Reds" (Ryan Giggs il parcourt l'aile, craint par les Bleus, aimé par les Rouges).
Les "Blues" de Manchester City où cet enfant de la ville, fils d'un père gallois absent, a fait ses classes avant d'être repéré par Ferguson.
"Il a eu une importance immense pour moi, dès notre première rencontre quand j'avais 13 ans", raconte Giggs.
Après avoir choisi de jouer pour le pays de Galles, Giggs, né à Cardiff, arrive vite à maturité, couvé par Ferguson et "Le King", Eric Cantona. L'âge, en émoussant sa vitesse, aurait pu annoncer un crépuscule précoce. Mais la tête a compensé ce que les jambes perdaient.
"A 30 ans, je me suis dit que je devais faire des sacrifices: un régime, moins d'alcool, du yoga."
Ferguson économise Giggs et lui épargne les allers-retours sur l'aile en le recentrant au milieu de terrain
"Perdre de la vitesse a finalement été une bonne chose: j'ai moins de blessures à la cuisse, je joue moins."
Au centre du terrain, son sens du jeu, doublé d'un engagement défensif irréprochable, fait parfois merveille. Contre Chelsea en janvier (3-0), dans un rôle de "10" à l'ancienne, il offre un récital, répété face à l'Inter Milan en Ligue des Champions.
"Je me suis probablement amélioré avec l'âge, je suis plus constant."
Lui décerner le titre de meilleur joueur de l'année traduit plus le sentimentalisme de ses pairs que la réalité d'une saison où Giggs n'a marqué que deux buts et n'a pas été un titulaire naturel. Mais peu s'avisent de regretter ce choix tellement Giggsy le mérite pour l'ensemble de son œuvre en Premier League.
Pour l'ancien joueur de Manchester Norman Whiteside, cette distinction, qu'il n'avait jamais reçue, est "un hommage mérité à sa valeur non démentie au fil des ans". En 2009-2010, il portera dans son dos le mythique maillot d'United floqué du 11. Onze, comme le nombre de titre de Champion d'Angleterre qu'il a remporté dans sa carrière.
En attendant le 12ème fin mai 2010...
Sur le forum
One Sheasy, le 5 mai 2021 à 19:12
C'est un débat très intéressant, même si je rejoins surtout Coolman à ce propos. De plus, étant un fervent défenseur de la présomption d'innocence, je pars du principe que tant qu'il n'a pas été condamné et sa culpabilité officiellement reconnue il ne doit pas être considéré comme coupable. Même si je vous accorde que de tels faits ne m'étonneraient pas nécessairement du bonhomme, j'attendrais son jugement avant de le pourrir sur la place publique comme ne se sont pas privées de le faire les instances vomitivement démagogiques comme la FA (en ne l'incluant pas dans le Hall of Fame alors que sportivement, il le mérite plus que n'importe qui) et la FAW (en le virant d'office de son poste d'entraîneur).
Typiquement, dans ce genre de situations, il y a deux "écoles" :
- Ceux qui pensent que l'homme et "l'artiste" ne font qu'un, et que dans le cas de Giggs il est logique que toutes ses éventuelles récompenses passent à la trappe en raison des accusations qui le concernent. Qu'il est donc légitime de faire sauter toutes les distinctions liées à son activité professionnelle/artistique sous prétexte qu'il a commis des actes tordus dans sa vie privée.
- Ceux qui pensent qu'il est important d'opérer un clivage clair entre le personnage public et l'homme qu'il est dans sa vie de tous les jours. Et qu'en cas de commission d'un acte répréhensible les condamnations exclusivement judiciaires non seulement suffisent mais sont également les seules à faire sens pour répondre à la hauteur de l'acte incriminé. Cette école de pensée va plutôt avoir tendance à critiquer le principe de tribunal populaire, et encore plus avec l'expansion des réseaux sociaux et des comportements collectifs massivement toxiques qui en découlent (harceler la personne accusée car on pense qu'il est légitime de la traîner plus bas que terre, y compris dans de nombreux cas par le biais de simples présomptions à son égard).
Je me positionne personnellement plutôt dans cette école, et je trouve que l'exemple du phénomène de #MeToo et de #balancetonporc, s'ils partent d'une intention louable, ont rapidement montré leurs dérives et les problématiques liées au manque de recul des gens qui ne jugent qu'à travers leurs émotions et leurs valeurs personnelles sans prendre la peine d'analyser avec un minimum de distance l'ensemble des faits.
Dans le cas de Ryan Giggs, je trouve donc les réactions particulièrement excessives, en plus de ne se baser (pour l'instant) que sur de simples accusations. Bien sûr qu'il devra prendre cher s'il est avéré coupable car le phénomène de violences conjugales est encore malheureusement une réalité, et les périodes successives de confinement (déjà bien inutilement destructrices en tous points) ont exacerbé ce phénomène franchement inquiétant. Mais aujourd'hui, au 5 mai 2021, il n'a pas été, à ce jour, reconnu coupable que je sache. Et quand bien-même il le serait dans un futur proche cela ne doit pour moi rien enlever à son talent de joueur et aux distinctions qu'il a briguées tout au long de sa carrière. On n'est pas sur un cas de dopage qui aurait directement impacté sur ses performances sportives. On est juste sur un cas où l'homme derrière le joueur est une ordure (ce qui est très probablement le cas de Giggs).
Ces délires de "cancel culture" (vu qu'il a agressé sa femme, on va rayer son nom partout pour faire comme s'il n'a jamais existé) m'ont toujours dépassé et l'hystérie autour de son cas aussi. C'est à la justice de trancher, et à elle seule, pas à des instances comme la FA qui ne sont bonnes qu'à jouer des numéros délirants de démagogie.
Thingrim Pallister, le 4 mai 2021 à 11:22
Le 02/05/2021 à 12:21, Coolman a dit :Encore une fois je ne vois pas le rapport. S'il est coupable, qu'il soit condamné et qu'il aille en prison. La justice décidera. Mais en quoi, ça remet en cause ses performances sur le terrain ? On va retirer un titre de champion du monde à un joueur parce qu'il doit aller en prison ? On parle pas du prix Nobel là.
Giggs fait incontestablement parti des meilleurs joueurs de l'histoire du foot et encore plus de PL. On ne peut pas parler faire un hall of fame sans lui, ce classement n'a plus aucune valeur.
Je comprends parfaitement ce que tu veux dire MAIS si Giggs est au Hall of Fame (il aurait du être le tout premier à la place de Henry) et si la fédération galloise le laisse à la tête de l'équipe nationale, la FA comme la fédération Galloise vont être accusées de soutenir un homme qui bat des femmes.
Alors oui, il serait plus honnête vis-à-vis de Giggs d'attendre la décision des tribunaux mais en se désolidarisant immédiatement de lui les deux fédérations ne peuvent pas être taxées de misogynie ou de tolérance envers les violentes faites aux femmes.
Après Giggs reste Giggs, un p***** de joueur, une icône de Manchester United.... Mais un p***** de con. Ce n'est malheureusement pas nouveau.
Cuns, le 2 mai 2021 à 13:01
il y a 35 minutes, Coolman a dit :Encore une fois je ne vois pas le rapport. S'il est coupable, qu'il soit condamné et qu'il aille en prison. La justice décidera. Mais en quoi, ça remet en cause ses performances sur le terrain ? On va retirer un titre de champion du monde à un joueur parce qu'il doit aller en prison ? On parle pas du prix Nobel là.
Giggs fait incontestablement parti des meilleurs joueurs de l'histoire du foot et encore plus de PL. On ne peut pas parler faire un hall of fame sans lui, ce classement n'a plus aucune valeur.
Le hall of fame étant une "vitrine" de ce sport, tu ne peux pas y mettre des personnes sans morales.
Le sport ce n'est pas juste des résultats, c'est aussi des valeurs. Des valeurs que chaque éducateur digne de ce nom souhaite inculquer au gamin qui vient prendre une licence.
Et pour le coup, en terme de valeurs, Giggs est trèèèès loin d'être un exemple.
Ça suffit clairement à mon sens de ne pas avoir envie de le mettre en avant pour valoriser un sport.
RedLikeDevil, le 8 septembre 2022 à 9:47
Finalement c'est le 11 qui est maudit et pas le 7