Season Preview (3)

Dans cette troisième partie de notre dossier consacré à la "Season-Preview", nous allons passer au crible les outsiders du championnat. Équipes ayant potentiellement les moyens de troubler l'hégémonie du Big Four, elles sont six, et elles comptent bien profiter de la nouvelle année pour s'affirmer encore un peu plus en Angleterre.

LES OUTSIDERS

Sunderland, Aston Villa, Fulham, Everton, Liverpool et Tottenham, voici les formations à qui il manque peu de choses pour s'intégrer dans le top 4. Un peu d'argent pour certaines, un peu de renouveau et de fraîcheur pour d'autres. A situations similaires, objectifs similaires.

Sunderland :

Sunderland, "United" qu'on pourrait presque les appeler, coaché par Keane entre 2006 et 2008 et par Steve Bruce depuis 2009, il va sans dire qu'il y a une sacrée teinte mancuniene dans ce club. Les bonnes relations qu'entretiennent encore Ferguson et Bruce ont d'ailleurs permis à Welbeck de se faire les jambes en Premier League l'an dernier, réalisant, avant sa blessure, des prestations de haut vol (comme son match époustouflant à Stamford Bridge, dans lequel il avait pleinement contribué à la victoire 3-0 des Black Cats, en inscrivant un but, notamment).

Mais si Danny est revenu à la maison, c'est bel et bien cinq joueurs étant passé par Old Trafford qui seront dans les rangs de Sunderland l'an prochain : Phil Bardsley, Kieran Richardson, Frazier Campbell et deux récemment arrivés, les vénérables et vénérés Wes Brown et John O'Shea.

En parlant de recrutements, Steve Bruce l'a bien compris, s'il veut que son équipe reste sur sa bonne dynamique de la saison passée et continue à offrir des performances de qualité, il doit constamment chercher à améliorer son effectif et à lui apporter un souffle nouveau. Ça tombe bien, il en a les moyens, principalement grâce aux ventes de Darren Bent (à Aston Villa) et d'Henderson (à Liverpool). C'est pourquoi je pense sincèrement que ce club réalise l'un des mercato les plus intéressants d'Angleterre. Car en plus de l'apport des deux mancuniens, qui amèneront leur sérénité et leur expérience, c'est six autres nouveaux visages qui seront exposés au Stadium of Light.

Parmi eux, les deux très bons joueurs de Birmingham, Sebastian Larsson et Craig Gardner, ainsi que le jeune "géant" anglais très prometteur, Connor Wickham (Ipswich), l'ex-milieu de Blackpool Vaughan, et deux joueurs moins connus, Ji Dong-Won (Chunnam Dragons) et James McClean (Derry City).

Le mixe parfait semble être au rendez-vous entre jeunes joueurs énergétiques et joueurs d'expériences. Quand on sait qu'en plus de cela, cette équipe compte des joueurs aussi essentiels que Gyan, Cattermole, Ferdinand (le petit frère du grand, encore un point commun avec nous, décidément) ou Elmohamady, l'avenir semble excitant pour n'importe quel fan.

On peut même légitimement penser que cette équipe puisse joueur les premiers rôles malgré les départs des Bent, Henderson et autres Malbranque. Les attentes sont énormes et la pression doit être assez élevée sur les épaules de Bruce, mais on sait qu'il est capable de la supporter. Good luck!

Déplacement à Anfield pour la première journée, pourquoi pas un "gros coup" d'entrée ?

Aston Villa :

Aston Villa ou la déception de la saison dernière! Après avoir passé trois années à côtoyer le Big Four sans jamais pouvoir l'intégrer (trois 6ème place), on aurait pu penser qu'avec la maturité engrangée depuis tout ce temps, l'équipe avait de quoi faire encore mieux lors de l'exercice précédent. Il n'en a rien été. Cette formation a connu une saison difficile, qui avait démarré en interne avant même la première journée, avec le départ de Martin O'Neil. Des résultats en dents de scie, des joueurs en méforme et les Villains passaient la quasi-totalité de leur saison autour de la 15ème place, une honte au vu de la qualité de leur effectif.

Mais finalement, ils ont petit à petit remonté la pente et ont fini la saison à la 9ème place. Il convient toutefois de prendre avec d'énormes pincettes les différences au classement, car s'ils figurent effectivement à cette place là, il ne faut pas oublier que seulement trois petit points ont séparé le 8ème (Fulham) du 14ème (Bolton).

Le renouveau d'Aston Villa en seconde partie de saison peut être mis en grande partie sur le compte de la jeunesse retrouvée d'un Pires éblouissant... Oui, je déconne. C'est bien évidemment Darren Bent, acheté au mecato d'Hiver, qui a été l'arme principale de la fin de saison correcte du club, avec 9 réalisations en 16 matchs.

Les dirigeants ont tout de même compris qu'ils devaient changer quelque chose, et apporter du renouveau à cet effectif, sous peine de retrouver les mêmes irrégularités, encore et toujours. C'est pourquoi Alex McLeish (Birmingham) a été nommé à la tête de l'équipe. Entraîneur qui partage les opinions des fans, il faut néanmoins saluer son succès avec Birmingham. Certes, cette équipe est descendue en Championship, mais ils ont aussi remporté leur premier trophée depuis 54 ans (Carling Cup gagnée contre nos amis gunners, 2-1).

McLeish sera t-il capable de prendre en charge une équipe avec des attentes beaucoup plus élevées, sans subir trop de pression ? La réponse devrait être rapide, en tout cas. On ne peut pas dire que son recrutement soit très "bling bling" puisqu'il a uniquement effectué des changements postes pour postes. Ashley Young rejoignant United, il verra N'Zogbia le remplacer tandis que Friedel, parti à Tottenham, laissera sa place vacante à Shay Given. Autant dire que malgré les départs de deux joueurs primordiaux de l'effectif (ainsi que de Downing à Liverpool), ils ont su rapidement combler les pertes avec de la qualité.

Mais c'est surtout sur ses jeunes pousses que devra compter le coach, Delph, Bannan, Albrighton, Hogg, Clark, tant de joueurs prometteurs et capables de hausser le niveau de l'équipe. L'avenir du club repose aussi sur le futur incertain des carrières d'Ireland et de Makoun, sur qui McLeish semble compter.

En tout cas, il est évident que le déplacement à Fulham pour leur première rencontre ne sera pas une mince affaire...

Fulham :

Les voilà les Cottagers, équipe que l'on redoute tant, contre qui les déplacements à Craven Cottage sont devenus de véritables enfers ces dernières années, donnant lieu à des oppositions toujours très particulières et à des résultats décevants. La 8ème place a été accrochée pour eux, mais ce n'est pas celle-ci qui leur permettra de jouer l'Europa League, mais bel et bien le prix du Fair-Play qui leur a été décerné en fin de saison.

Leur année 2010/2011 a été assez moyenne, avec un début catastrophique qui les a vu enregistrer seulement deux victoires entre août et fin décembre. Mais moyen ne voulait pas dire mauvais l'an dernier en Angleterre puisque malgré un bilan très hétérogène et des prestations irrégulières, ils ont fini à une place honorable. Cela dit, le trou béant qui les a séparé de la 4ème place (18 pts) montre bien que pour espérer gravir les échelons, ils doivent changer des choses. Changements qui ont commencé dès cet été par le limogeage de Mark Hughes et la venue du coach néerlandais, Martin Jol.

Côté effectif, on vise plutôt la continuité puisque les cadres sont restés et qu'il n'y a pas eu de signatures mirobolantes, si ce n'est la venue de Riise en provenance de la Roma. Avec lui, seuls les jeunes Kasami (Palerme) et Gecov (Slovan Liberec) ont été acheté, ainsi que le gardien de but hongrois, Somogwi. Pour le reste, c'est du classique. Jol s'appuiera sur la base Shwarzer, Hangeland, Murphy, Duff, Dempsey, Zamora...

L'effectif se connait et ne devrait pas avoir trop de mal à reprendre ses repères dès le début du championnat. Mais est-ce qu'il leur sera possible de viser mieux, au point d'aller chercher une "vraie" place qualificative pour une compétition européenne ? Cela semble trop juste encore, mais les espoirs peuvent être de mise.

Everton :

Les Toffees ou l'éternelle question : pourquoi, alors qu'ils réalisent bonne saison sur bonne saison depuis de nombreuses années, n'arrivent-ils pas à franchir le pas, à booster leur effectif, et à atteindre la 4ème place ?

Pourtant, sous l'impulsion d'un coach aussi déterminé et talentueux que David Moyes, ils devraient pouvoir se permettre le luxe de disputer la ligue des champions, au moins de temps en temps. Mais non, à la place de cela, ils ont longtemps servi de faire valoir au Big Four, empochant maintes cinquième place. Et depuis deux saisons maintenant, avec l'enrichissement de certains concurrents et une exigence de performances toujours plus élevée, ils régressent même légèrement (8ème place en 2010, 7ème l'année passée).

Le problème majeur reste le manque d'argent présent dans le club, ou en tout cas investi dans les transferts. C'est là tout le symbole de l'importance d'avoir de bons hommes d'affaires à la tête d'un club de football. Car même avec des places plus qu'honorables, on peut se retrouver en difficulté financière et voir son équipe ne pas pouvoir rester compétitive. C'est la direction qu'est en train de prendre dangereusement le club de la ville de Liverpool.

Certes, ils peuvent toujours s'appuyer sur un effectif constant et performant. Mais qu'en sera t-il quand les Rodwell, Fellaini, Coleman & co décideront de s'en aller vers des clubs plus à même de combler leurs attentes ? Le mystère subsiste et je pense que la saison 2011/2012 sera une période charnière du club, où joueurs, staff, dirigeants et supporters vont devoir se serrer les coudes pour ne pas sombrer. Sportivement, on en est encore loin. Une 7ème place, ça reste très enviable, mais le mercato de cet été ne semble pas promettre mieux au supporters puisqu’aucune recrue n'est venue renforcer le groupe.

Plus que jamais, le rôle des Neville, Hibbert, Arteta et Cahill sera important. La seule possibilité pour ce groupe de continuer dans une voie saine sans subir les conséquences des défauts extra-sportifs est qu'ils restent soudés et ambitieux.

A noter que Phil Neville et Louis Saha, deux anciens mancuniens très appréciés des supporters, débuteront respectivement leurs 17ème et 13ème saison en Premier League. Respect!

Liverpool :

Les ennemis de toujours de la formation décryptée plus haut, les "Merseyside Red" (visez la référence), mais pas seulement, nos ennemis depuis toujours, à nous aussi ! On ne les chambrera pas trop en comparant la salle des trophées de Carragher et de Giggs ou en opposant le sex appeal de Kenny Dalglish et d'Alex Ferguson, par humilité.

La crise, on pourrait l'appeler comme ça, elle a frappée Liverpool en 2009, laissant le club dans une situation difficile, sur et en dehors du terrain. Après un baroud d'honneur qui les avait vu lutter pour le titre jusqu'au bout cette année là, ils ont fini par régresser complètement au point de sortir du Big Four.

Après de nouvelles déceptions suite aux résultats catastrophiques de Roy Hodgson, c'est un virage à 180 degrés que le club a pris en rappelant l'ancien de la maison, Dalglish (7 championnats remportés en tant que joueur et en tant qu'entraîneur). On se rappelle tous de sa première à Old Trafford en FA Cup (victoire 1-0 de notre part, sur un penalty controversé). Mais cette courte défaite n'était pour lui que le début du renouveau.

Les ambitions étaient de retours au sein du club, et la vente record du "maître" Torres... euh, "traître" pardon, a permis les recrutements d'Andrew Carroll et de Luis Suarez. Si le premier n'a pas encore pu montrer tout son talent du côté d'Anfield, l'Uruguayen lui a éblouit l'Angleterre, confirmant tout le potentiel entrevu chez lui lors de la coupe du monde 2010 et lors de ses années à l'Ajax. Pour parler des souvenirs qui font mal, lors de notre défaite 3 buts à 1, bien que Kuyt ait inscrit un triplé, c'est bel et bien Luis qui avait éclaboussé la rencontre de son talent.

Une nouvelle dynamique semble s'être mise en place et je ne serais pas étonné de les voir rejouer le titre d'ici peu. Tout dépendra des capacités de certains joueurs à confirmer leur bonne saison (Suarez, on en a parlé, mais aussi Meireles, Maxi Rodriguez, Kuyt, Lucas...), et d'autres à hausser leur niveau de jeu (Gerrard, entre autres). Enfin, le club semble avoir fait des investissements intelligents sur des joueurs comme Charlie Adam (Blackpool), Henderson (Sunderland) et Downing (Villa) durant la trêve.

Tous les espoirs sont donc permis à l'aube de la nouvelle saison, enfin, pour viser une place en Europa League, bien entendu !

Tottenham :

Tête d'ivrogne, regard profond, non, je ne dépeins pas Ferguson mais bien Harry Redknapp, l'entraîneur Anglais charismatique, à la tête des Spurs depuis 2008. Habitué de la Premier League, il semble avoir enfin trouvé un défi à sa hauteur, celui de faire de Tottenham l'un des tout meilleurs clubs anglais.

Cette formation fut l'une des révélations sur la scène européenne l'an dernier, réalisant pour sa première participation dans la coupe aux grandes oreilles, l'exploit de finir premier dans un groupe dans lequel figurait le champion en titre, l'Inter Milan. Mais leur bonne épopée ne s'est pas arrêtée là puisqu'ils ont éliminé en 1/8ème de finale l'autre club de la ville de Milan (là-bas, on aime pas le vin rouge désormais, c'est une certitude), avant d'être stoppé sèchement par le Real de Mourinho (0-4 ; 0-1).

Cette expérience européenne a apporté du bon comme du mauvais, car même si cela a permis de faire rêver les fans lors de soirées aux saveurs particulières et que ça a gonflé l'expérience du groupe, les répercussions sur leur parcours en championnat s'en sont ressenties. C'est donc en fin de saison qu'ils ont craqué, abandonnant la 4ème place à City et se contentant d'une qualification pour la C3.

Cependant cette année, les victoires semblent arriver plus tôt que prévues, puisque les premiers défis auxquels Harry devait faire face pendant le mercato lui ont apporté satisfaction. En gardant des joueurs aussi courtisés que Bale ou Modric dans l'effectif, le signe est fort! Non, le club de Londres n'est plus un revendeur mais un concurrent.

Avec cet effectif solide, ils peuvent logiquement se permettre d'espérer déranger à nouveau des équipes comme City, Liverpool (voir Arsenal) dans la course à la ligue des champions. En espérant aussi qu'ils arrivent à faire un parcours honorable en Europa League, et, pourquoi pas, y décrocher un titre qui signifierait beaucoup pour les supporters.

Peu de mouvements cet été donc, hormis l'arrivée de Brad Friedel (Villa), venu pour pallier aux erreurs constantes de Gomes. Et puisque le club enregistre aussi le retour de Dos Santos (prêté à Santander l'an dernier), il y a de quoi tirer énormément de ce groupe.


Voilà pour ces six équipes, qui connaissent toutes des situations différentes mais dont le niveau se rapproche sensiblement sur le terrain. Même si certaines semblent mieux armées pour la saison à venir, rien n'est joué d'avance. C'est cela, la Premier League!

Demain, dernier article concernant la preview de la saison, qui mettra en évidence les équipes du Big Four. En attendant, on espère tous que la situation se calme en Angleterre et que le football puisse prendre part de la meilleure des manières aux quatre coins du royaume dès cette fin de semaine.


Cet article a été écrit par le membre Best_07