Le numéro 7

Apparu dans le courant des années 30 en Angleterre, nul n'aurait pu imaginer qu'un numéro puisse prendre une telle importance au sein d'une équipe. L'un des premiers a l'avoir revêtu, et très certainement le plus mémorable, n'est autre que l'irlandais George Best. Ce fut son passage à United qui marqua à jamais l'éloquence de ce chiffre. Un mélange de classe et de provocation, s'opposant avec finesse comme les deux traits du numéro. C'était comme si le Best se sublimait sous ce maillot, transformant le sept en une entité charismatique, qui elle-même n'était que la continuité de l'homme, le complétant avec brio, inspirant le respect et la crainte.

Tous les joueurs qui ont marqué les esprits sous cette tunique ont toujours été de véritables personnages, semblant tous droits sortis de l'imagination d'un quelconque écrivain. Leur originalité et leur talent inné ont naturellement provoqué l'admiration des foules. Mais s'ils se distinguaient par l'adulation qu'ils provoquaient et leurs charismes à toute épreuve, ils ont aussi fait parler d'eux à travers les controverses qui les ont poursuivis tout au long de leur carrière. Best initiait par exemple les effets du foot-people, reconnu pour sa dépendance à l'alcool et son esprit très Rock’n’roll. Il amusait tout le Royaume-Uni, mais en subissait les conséquences, voyant son manque de professionnalisme le contraindre à quitter le club en 1974.

Cantona prit la relève, ou Eric, le plus anglais des français, dont l'arrivée au club situait déjà le tempérament de l'homme. Transféré en provenance de l'ennemi, Leeds United, le défi ne lui faisait pas peur. Il a clairement été l'élément majeur du début du règne de Sir Alex Ferguson. S'il est devenu le premier capitaine du club à être né en dehors des îles britanniques, ce n'est pas un hasard. Ses capacités de meneur d'hommes suintaient parfaitement avec nos couleurs, transmettant la culture de la gagne à tout un groupe, à toute une génération. Malgré ses coups d'éclats, sa suspension de longue durée qui nous a probablement coûtés un titre, il est toujours resté comme le joueur synonyme du renouveau de United. Le col relevé, prolongeant encore un peu plus son costume, rien ne pouvait l'arrêter, et encore aujourd'hui, il a Manchester dans le sang, et cela est réciproque.

Héritier de ce dynamisme, un autre numéro sept a vu le jour, David Beckham, l'enfant du pays, qui a fait perdurer toute l'élégance de Cantona. Ses coups de pattes exquis, sa finesse toujours plus recherchée, donnaient une volupté certaine à ses actions et à son maillot, flottant dans les airs, dont la foule d'Old Trafford se délectait. Devenu l'un des joueurs les plus médiatiques de l'histoire, sa vie professionnelle a été mise à rude épreuve. Mais malgré son départ au Real Madrid suite à une rupture avec le coach, il reste et restera comme le fils prodigue de Manchester United, qui centrait de son aile droite avec toujours la même précision insolente, à en ravir toute une ville.

L'ère moderne a finalement vu triompher certainement le numéro sept le plus controversé du club. Légende pour certains, joueur exaspérant pour d'autres, Ronaldo en a fait couler de l'encre, et c'est ce qui a peut-être encore plus contribué à l'élever au statut de joueur unique. Le portugais, adopté comme un fils par le gaffer à seulement dix-huit ans, est devenu l'un des joueurs les plus talentueux de l'histoire du club. Au fil des ans, une véritable histoire passionnelle l'a liée au public anglais, sifflé et applaudi, haït et aimé. Lui qui voulait pourtant dans un premier temps endossé le numéro 28, s'est finalement montré digne de ce que représente le symbole qui lui a été offert. Si Best s'est dit honoré de se voir comparé à Ronaldo, c'est que ce joueur avait lui aussi quelque chose de spécial, et surtout, avant toute chose, un talent pur. Devenant le premier ballon d'or depuis l'époque Busby, cela ne fait aucun doute, l'homme était taillé pour porter ce numéro.

Tout comme l'était Bryan Robson, souvent oublié par les supporters mancuniens, mais qui reste lui aussi une figure emblématique du club, avec ses treize saisons passées à United. Milieu plus discret et moins exposé que les autres, il ne gagnera sa première médaille de champion qu'à la toute fin de sa carrière. Mais sur toute la durée de sa présence au club, il sera l'élément majeur des quelques succès de l'équipe, notamment en FA Cup et en Europe, grâce à sa détermination et à sa force de caractère inébranlables. Il complète la lignée de tant de joueurs qui se sont tous distingués à travers ce numéro, possédant et possédés par ce qu'il représente. Plus que des joueurs, ce numéro symbolise des hommes, et c'est ce qui fait qu'il est si puissant. Les joueurs changent, les histoires se succèdent, mais le numéro reste, gardant une part de chacun d'entre eux en lui, la transmettant aux générations futures.

Le numéro 7 ? Un putain de numéro !



Article rédigé par Best_07.