Bilan de la saison (partie 1) : Jeu et effectif 1/2

 Cette saison 2015-2016 devait être une année de confirmation pour ce Manchester United version Louis Van Gaal. Loué pour sa carrière, ses résultats les plus récents comme sa Coupe du monde à la tête des Pays-Bas, son utilisation des jeunes ou encore pour la fin de saison dernière, portée en point d'orgue par le succès à Liverpool, le Hollandais redonnait en plus le goût de la Ligue des champions à United.

Le renouveau semblait en bonne voie. D'autant plus que City ne s'était pas grandement renforcé (Otamendi et Sterling) et, menée par Pellegrini, l'équipe ne faisait pas réellement peur. Liverpool avait donc perdu Sterling et avec lui les espoirs de tutoyer les quatre premières places tandis que les fractures dans le vestiaire de Chelsea se confirmaient. Mourinho échoua à redresser la situation et le club champion savait en à peine deux mois de compétition qu'il allait devoir laisser son titre.
Il y a de cela quelques années, quiconque aurait entendu tous ces éléments pour résumer une saison de Premier League, aurait assuré : "Alors United a triomphé".
Bref, les planètes étaient toutes alignées... Mais Louis Van Gaal avait décidé de changer de galaxie : celle de l'ennui, de l'incohérence et de la passivité.
Retour sur les nombreux éléments qui ont nourri cette saison, les accrocs comme les réussites, en commençant par le jeu et l'effectif.

Le mercato estival était grandement attendu pour voir le traitement réservé notamment à Di Maria et les véritables recrues du milieu de terrain. Contrairement à ce que certains pensaient, Van Gaal a décidé de garder Fellaini, considérant sûrement que le Belge lui apportait une variété au milieu avec son physique imposant et sa hargne. Les fans sentaient Carrick vieillissant et vu l'association de fin d'année entre Herrera et Mata, ils s'attendaient sûrement à voir les Espagnols comme des indispensables. Le recrutement de Morgan Schneiderlin, joueur confirmé de Premier League, en provenance de Southampton, fut accueilli d'un très bon œil.

En revanche, l'arrivée de Bastian Schweinsteiger laissa place à plus de scepticisme. Certes, l'ex-Bavarois est un joueur d'expérience, l'un des meilleurs milieux relayeurs des dix dernières années mais il a aussi tout gagné et sa motivation pourrait avoir baissé. Lorsqu'on ajoute à cela ses blessures à répétition, ainsi que les deux années avec Guardiola pour dénaturer son jeu (on se souvient notamment d'un match où l'Allemand se fait reprendre par son coach pour avoir frappé hors de la surface de réparation...), on comprend aisément les sceptiques. Les plus optimistes diront qu'à ce prix-là (moins de 10M€) c'était une affaire et que de toute façon, à l'image de Toni Kroos, Schweinsteiger ne correspondait pas au jeu de Guardiola.

Les rumeurs d'un défenseur arrivant à Old Trafford allaient bon train. Dans un relatif anonymat, Matteo Darmian signa ainsi en provenance du Torino. Marcos Rojo n'a pas été évincé comme on aurait pu le penser au vu de son irrégularité, ses placements approximatifs ou encore ses relances indignes d'un club de ce niveau. Néanmoins, aucun défenseur central n'a été recruté pour suppléer Daley Blind mais un renfort au poste de gardien de but en la personne de Sergio Romero.

Le grand ménage eut lieu aux avants-postes. En effet, la porte de sortie fut montrée à Robin Van Persie, qui n'avait jamais retrouvé son niveau depuis le départ de Sir Alex Ferguson. Le Néerlandais choisit Fenerbahce ce qui semblait être une destination de fin de carrière. Plus étonnamment, Nani aussi choisit cette destination. Le Portugais n'était pas apprécié par LVG, qui l'avait même prêté au Sporting Lisbonne durant la saison.
Comme attendu, Di Maria rejoignit le PSG pour une somme équivalente (à 5M€ près) à celle à laquelle il était arrivé en Angleterre. Ceci est notable car même si Manchester United est devenu dépensier, on a pu voir ici qu'il savait aussi vendre. Après la saison en demi-teinte de l'Argentin, le vendre à un tel prix n'est en effet pas une si mauvaise affaire.

Enfin, Chicharito fit ses valises pour le Bayer Leverkusen ce qui ne laissait au poste d'attaquant que le seul Rooney.

Pour pallier à tous ces départs, le club a recruté deux grands espoirs du football mondial : Memphis Depay et Anthony Martial. Comme nous le verrons plus tard, c'est finalement celui dont on attendait le moins, le Français, qui a le plus rassuré. En effet, le Néerlandais, champion avec le PSV, auteur d'une bonne Coupe du monde et ayant montré des qualités indéniables de dribbles ou de coups de pieds arrêtés, semblait pouvoir apporter autre chose à ce Manchester United là. Il récupéra même le célèbre numéro 7. Beaucoup d'espoirs se plaçaient alors en lui.
Le Français ne convainquait pas réellement en Ligue 1 et la somme de son transfert (50 millions d'euros plus des bonus pouvant aller jusqu'à 30 millions supplémentaires) lui mit une pression supplémentaire sur ses jeunes épaules. Il en ressortit au final une énorme satisfaction à part pour les quelques rabats-joie qui trouveront éternellement et ce, quoiqu'il fasse, qu'il a coûté bien trop cher.

Voilà donc les principaux changements opérés par Louis Van Gaal dans notre effectif pour attaquer cette saison. Je ne vais pas ici présenter mon bilan joueur par joueur mais plutôt ligne par ligne, en incluant ce que cela amenait au jeu de l'équipe.

Gardien de but : 

La saison a mal commencé pour David De Gea qui était très convoité par le Real Madrid et qui a donc été mis de côté par Louis Van Gaal. Après tout, Sergio Romero n'avait pas été recruté pour rien. L'Argentin fit alors quelques matchs plus ou moins satisfaisants mais qui furent dans l'ensemble très décevants dans le jeu au pied. En effet, habitués des relances de Van der Sar, les fans avaient déjà été déçus au départ par la panique et les dégagements plein axe à 30 mètres de David De Gea. Heureusement, l'Espagnol a beaucoup travaillé sur ce point et, s'il n'a pas le niveau de Manuel Neuer dans ce compartiment du jeu, il n'en reste pas moins bien plus rassurant que Romero. Le constat est simple : avec Van der Sar, on comptait les ballons perdus alors qu'avec Romero, on comptait les ballons conservés.
L'Argentin n'avait apparemment pas le niveau à Monaco, en concurrence avec Subasic et il a su nous prouver pourquoi lors de ses quelques matchs. Il n'était pas serein et même s'il réalisa quelques parades, il était certain qu'il ne pourrait pas durer longtemps dans nos cages.

Finalement, après quelques rebondissements extrêmement médiatisés, De Gea n'a pas pu rejoindre le Real Madrid alors que c'était clairement sa volonté.
Le jeune Espagnol reprit sa place après avoir signé une prolongation de contrat dont on ne sut pas exactement les clauses et fit son job (vu que pour certains, il ne fait rien de plus) de la meilleure des manières. Les progrès sont saisissants depuis son arrivée et le meilleur là-dedans est qu'il semble progressé d'année en année. C'est à se demander où il va s'arrêter. Pour la plupart des fans, et pas seulement ceux du club, il est le meilleur gardien de Premier League et fait parti intégrante du top 3 mondial. Derrière Neuer, qui a certes pour lui une plus grande expérience et un jeu plus complet, De Gea peut vraiment faire figure de numéro 2 crédible.
En ce sens, il est pour moi le seul joueur du club « top 5 mondial » à son poste et il est donc assez inexplicable qu'il n'est pas été élu « Meilleur joueur du club » en cette saison. Peut-être l'Espagnol nous a-t-il habitué à l'extraordinaire comme Cristiano Ronaldo l'a fait avec le public de Bernabeu ? On ne saurait le dire. Il est néanmoins certains que sans lui, cette saison aurait pu être ô combien plus dramatique. Dans ma mémoire au moins, ce titre en FA Cup ainsi que la place en Europa League sera toujours associé au nom de l'Espagnol. On sait qu'au haut-niveau tout se joue à des détails et, visiblement une place en Europa League et un titre en FA Cup tiennent à un fax...
Il est à noter qu'encore une fois, Sir Alex eut le nez creux à son sujet.

Défense :

Personnellement, la défense était le domaine qui m'avait le plus rassuré la saison dernière et celui pour lequel je comptais ne plus avoir à m'inquiéter cette saison. Force est de constater que c'est LE domaine en particulier où Louis Van Gaal n'a absolument pas fait ce qu'il fallait.

Certes, Chris Smalling a émergé de façon remarquable, de là même à obtenir le titre de "Meilleur joueur" du club et a confirmé les espoirs placés depuis longtemps en lui. Certes, Luke Shaw se blessa grièvement dans ce qui fut une parodie d'arbitrage à Eindhoven (je rappelle que, dans la surface, le jeune latéral subit un tacle horrible et souffrit d'une double fracture de la jambe, il dut quitter le terrain sous assistance respiratoire tandis que son adversaire n'écopa pas du moindre carton... Évidemment, l'arbitre ne siffla même pas faute...). Certes, Daley Blind ne joue pas à son poste naturel. Mais de qui est-ce la faute ? L'erreur fut de ne pas acheter de défenseur central. Quand on sait que nos seules réserves sont Phil Jones, joueur fragile blessé régulièrement et Marcos Rojo, il apparaît logique que le besoin d'un défenseur central de métier est primordial. Pas pour le Pélican. Ainsi, on eut le privilège d'assister à une saison entière de Daley Blind à un poste qui n'est pas le sien. Bien que celui-ci soit doté d'une bonne intelligence de jeu et d'une bonne relance, il n'a que très peu de repères à ce poste. Son influence aurait pu être bien plus grande s'il avait pris une position plus haute sur le terrain et des erreurs auraient pu être évitées. Car oui, Blind en a fait de nombreuses erreurs et c'est à souligner, bien qu'il soit adoré par une grande partie des fans.

Luke Shaw avait fait pour sa part une excellente entame de saison et en matière de jeu, montrait de bonnes combinaisons sur le flanc gauche, notamment avec Memphis Depay. L’Anglais avait peut-être paru en surpoids pendant la trêve et n'est sûrement pas le plus professionnel des joueurs pour ce qui est de l'hygiène de vie mais, une fois en condition, il a un bon volume de jeu et est à la fois solide en défense, et intéressant offensivement. Ce dernier point est à souligner, surtout pour les latéraux qui sont devenus très importants dans le football moderne depuis plus de 20 ans maintenant. Malheureusement, Shaw se blessa donc et la relève était loin d'être assurée. 

Marcos Rojo et Matteo Darmian, deux recrues de l'ère Van Gaal, ont globalement déçu. Si l'Italien avait au moins plutôt bien commencé, ça ne fut pas le cas de l'Argentin. A gauche comme dans l'axe, son niveau est plus proche du United de Sheffield que de celui de Manchester. L'excuse de la non-adaptation peut fonctionner pour Darmian mais pas pour lui qui en est déjà à sa seconde saison.
Dépassé dans les duels et le placement, catastrophique à la relance, il est évident que cela va trop vite pour l'Argentin. Il risque fortement de faire ses valises la saison prochaine, à raison.
Darmian et Rojo n'apportaient donc rien au jeu, au contraire, perdant les ballons ou relançant de façon à mettre leurs coéquipiers en difficulté. Darmian est coutumier des petites fautes, discrètes mais gênantes pour l'équipe adverse et cela a peut-être sorti quelques adversaires de leur match. Pour le reste, il n'y a rien à voir. Espérons que Mourinho sache quoi faire de lui.

En tant que latéraux, Young et Valencia ont fait des performances en demi-teinte. Certes, ce ne sont pas leurs postes, eux plutôt habitués à jouer plus haut, mais malgré cela, leur envie et leur motivation étaient indéniables. Sur le plan offensif également, les combinaisons qu'ils proposaient étaient parfois intéressantes. Ils avaient au moins pour eux de proposer quelque chose. Petit bémol, Young jouait du côté gauche alors qu'il est droitier. Cela le contraignait souvent à rentrer sur son bon pied pour centrer et l'obliger à conduire le ballon vers l'intérieur du terrain et compromettait un peu les relances le long de la ligne, forcément. C'est un détail tactique mais qui peut avoir son importance, notamment en phase défensive, il est préférable d'avoir un gaucher à gauche et un droitier à droite. A voir si Mourinho utilise ces deux joueurs et dans quelles positions.

Fosu-Mensah et Varela ont pu jouer quelques matchs et ont montré une réelle envie. Tous les deux très jeunes, ils ont un potentiel certain. Ma préférence va toutefois au Néerlandais qui fait preuve d'une efficacité défensive rare à cet âge. Il semble bien lire le jeu et sa polyvalence sera pour lui un atout certain. Néanmoins, ils ont selon moi joué trop peu pour en faire un bilan sérieux. Ils ont fait plus de matchs dans l'équipe réserve ou l'équipe de jeunes qu'avec l'équipe première. Espérons que l'an prochain, ils jouent plus de matchs et que Mourinho les fasse progresser.

Enfin, et pour finir sur une note positive, je vais aborder les deux satisfactions de cette ligne, à savoir Chris Smalling et Cameron Borthwick-Jackson. Je ne mentionnerai pas Paddy McNair qu'on a trop peu vu pour qu'on l'associe à cette saison-ci.

Smalling a donc confirmé sa progression cette saison. Sans avoir été parfait à chaque match, l'ancien Cottager s'est affirmé comme le véritable patron de notre défense. Au point de vue du jeu, ses montées balle au pied ont apporté parfois un petit plus ainsi que son jeu de tête sur coups de pieds arrêtés. Il reste toutefois un domaine où il continue d'avoir des difficultés et dans lequel il ne s'améliorera vraisemblablement pas, c'est la relance. Même lorsqu'il monte avec le ballon, il faut qu'il joue court et plutôt de façon latérale car sinon, il y a un réel risque de perte de balle. Associé à un bon relanceur un peu plus agressif que Blind, et mieux entouré par les consignes de José Mourinho, il devrait continuer à progresser. Il va être normalement dès la saison prochaine un des hommes forts de United et de son renouveau.

Borthwick-Jackson n'a même pas 20 ans mais il a été lui aussi une satisfaction de notre défense. Ce jeune anglais, formé au club, s'il venait à s'imposer, serait une vraie plus-value pour United. En effet, pour la Ligue des champions il est important d'avoir un certain quota de joueurs formés au club. Dans cette optique, il se pose en parfaite doublure de Luke Shaw. En dépit de son gabarit atypique pour un latéral (1,88m), il a montré de vraies qualités offensives notamment avec des centres dangereux et a su être solide dans les duels. La vitesse n'est peut-être pas son principal atout mais avec une meilleure rigueur tactique, il pourrait être un joueur important dans le turnover. Loin d'être élégant dans sa façon de courir, à l'image de Matuidi, il ne séduira peut-être pas les puristes. Qu'importe, il a été élu "Meilleur joueur des U21" par les fans et Mourinho vient tout juste de lui faire signer une prolongation de contrat, preuve que ses performances ne sont pas passées inaperçues.

Autres liens : 

Bilan de la saison (partie 1) : Jeu et effectif 2/2

Bilan de la saison (partie 2) : A venir 

Bilan de la saison (partie 3) : A venir