Ryan Giggs : A True Red Devil
C'était un secret de polichinelle qui a été confirmé en ce 2 juillet : Ryan Giggs quitte le club. C'est un petit séisme qui vient de nous frapper. La plupart d'entre nous n'a en effet connu le club qu'avec Giggs, qu'il soit sur l'aile gauche, milieu axial ou sur le banc. Il a toujours été associé à Manchester United, et plus encore, Manchester United a pendant longtemps été associé à lui.
A 17 ans, nous sommes tous différents de ce que nous serons à 40. C'est vrai pour le jeune Ryan. Il est à l'époque bien loin du joueur qu'il deviendra. Jeune séducteur, plutôt fêtard, Giggs se fit remonter les bretelles quelques fois par Sir Alex Ferguson. Cependant, avec l'âge, il mûrit grandement et commença à prendre soin de lui. Il débuta par exemple le yoga et s'imposa une hygiène de vie certaine. Il avoue d'ailleurs aujourd'hui ne plus pouvoir se passer du yoga.
Ce genre d'anecdotes, apprises au fil du temps, m'a toujours montré une chose : je ne connais pas bien Ryan Giggs. Peut-être mieux que Paul Scholes, ça c'est sûr, mais moins bien que d'autres stars du football. Le Gallois est plutôt discret. Rarement de déclarations faisant la une, peu de photos prises à son insu alors qu'il passe une journée en famille ou dans une soirée arrosée. D'ailleurs, la plupart d'entre nous peuvent dire le nombre d'enfants de Beckham ou de Rooney, certains ont peut-être même leur prénom en tête. Qu'en est-il de Ryan Giggs ? Nul doute que beaucoup sont au courant de ces informations (il a deux enfants, un fils Zachary Joseph et une fille Liberty Beau).
Au-delà de cela, Ryan Giggs semble difficile à cerner. Fidèle au même club toute sa carrière, fidèle au même agent, Harry Swales, le Gallois fit la une pour une affaire de fidélité... Ou plutôt d'infidélité. La presse anglaise se fit l'écho d'une affaire de mœurs dont on se serait bien passé et qui a laissé une image extrêmement ternie pour l'ailier Gallois. Les faits sont là : il trompa sa femme, huit années durant, avec la femme de son propre frère. C'est une histoire comme il y en a peu. Les anecdotes de la belle-soeur accablent un peu plus Ryan à chaque fois. Elle raconte notamment que le lendemain de la naissance de son deuxième enfant, il l'aurait retrouvée comme si de rien était.
N'importe quelle personne serait considérée comme quelqu'un de très mauvais avec une telle affaire sur le dos mais peut-être moins à Manchester United. Il resta adoré des fans même si certains, dont moi-même, préféreront toujours Paul Scholes au Gallois, notamment pour l'homme qu'il représente, sa discrétion aidant à garder une bonne image. Après tout, en tant que joueur, il n'y a rien à lui reprocher mais en tant qu'homme, si même son frère ou sa femme ne sont pas respectés, qui compte alors pour lui à part sa propre personne ? C'est peut-être en cela qu'en revanche, il représente plus Manchester United. Le club a ses "Red Devils", Ryan Giggs en est un, avec ses propres démons, ses propres contrastes.
Sous nos couleurs, Giggs nous a montré comment être un footballeur intelligent. Prenant de l'âge, il s'est repositionné en milieu axial et a su y être performant. Pour le besoin d'un match à West Ham, il remplacera Patrice Evra à la mi-temps en latéral et nous nous imposerons finalement. Il sent le football et nous apportait toujours un équilibre sur le terrain. Et quand il est question d'équilibre, le Gallois s'y connait... Doté de qualités physiques naturelles, Giggs était rapide, endurant et avait un incroyable équilibre. Il ne tombait presque jamais, même déséquilibré il réussissait à se redresser et poursuivre sa course.
Je ne sais pas s'il est nécessaire de faire des retours sur sa carrière de joueur, vous aurez lu avec son départ bon nombre de ses exploits et de ses faits d'armes. Rappelons juste qu'il a terminé sa carrière avec 13 championnats (autant qu'Arsenal, record pour un joueur), 2 Ligue des Champions, 4 FA Cup et le titre de « Meilleur joueur de l'histoire de Manchester United ». Il est également le joueur le plus titré de l'histoire avec 35 titres. Rien que ça.
Mais attardons-nous plutôt sur son passé récent et son avenir. Adjoint de Van Gaal depuis 2 ans, coaché par Ferguson toute sa carrière, Giggs doit faire le tri et voir les erreurs de chacun. Il doit devenir un manager correspondant à son image tout en prenant chez chacun de ces coachs les bons conseils. Il a décidé de partir car il se sentait prêt et veut faire ses armes en tant que manager principal. Avec son nom et son passé, il aura la chance d'être lancé dans un club qui n'est pas trop bas(il va sûrement prendre les rênes d'un club des deux premières divisions européennes) mais il aura également l'inconvénient d'être très médiatisé et sous pression. Cela lui fera une première expérience et il devra se montrer à la hauteur. A vrai dire, nous n'avons aucune information sur son style de coaching ni sur le style de jeu qu'il prône réellement. La vision de possession de Van Gaal lui aura sûrement appris certaines choses et il est certain que Giggs ne sera pas une copie de Ferguson. On pourrait se demander par exemple s'il jouerait catégoriquement avec des ailiers qui débordent ou accepterait-il des ailiers rentrants ? Serait-il plus adepte d'un milieu à 3 avec une pointe basse ou plutôt avec un meneur de jeu comme Mourinho ? S'adapterait-il à l'adversaire ou imposerait-il un style de jeu strict à son équipe ?
Vis-à-vis du Portugais, peut-être Giggs aurait-il dû rester au club une année de plus. Mourinho lui aurait certainement appris tactiquement. Le temps ne presse pas, il est encore jeune pour un manager. Voir Zinédine Zidane gagner la Ligue des Champions cette année lui a peut-être donné envie de goûter aux premiers rôles. Si Giggs arrive à avoir ne serait-ce que la moitié du succès qu'il eut en tant que joueur, il sera un manager accompli.
Tout le monde a en mémoire son but fantastique en demi-finale de FA Cup face à Arsenal. En le voyant au ralenti, Giggs ne court pas, il flotte, il vole. Nul doute que cette année encore, son ombre volera au-dessus d'Old Trafford. Personne n'en voudra à Ryan d'avoir laissé le club pour aller progresser de son côté car tout le monde sait que ce n'est pas un adieu, ce n'est pas une rupture. On se retrouvera, et peut-être qu'un jour Manchester United volera de nouveau vers le succès, guidé par son "Giggsy". On en rêve tous, Manchester United retrouvant la gloire sous le mépris des adversaires, s'abaissant à rappeler que leur coach est un homme ignoble et sans cœur, un vrai diable.
Sur le forum
One Sheasy, le 5 mai 2021 à 19:12
C'est un débat très intéressant, même si je rejoins surtout Coolman à ce propos. De plus, étant un fervent défenseur de la présomption d'innocence, je pars du principe que tant qu'il n'a pas été condamné et sa culpabilité officiellement reconnue il ne doit pas être considéré comme coupable. Même si je vous accorde que de tels faits ne m'étonneraient pas nécessairement du bonhomme, j'attendrais son jugement avant de le pourrir sur la place publique comme ne se sont pas privées de le faire les instances vomitivement démagogiques comme la FA (en ne l'incluant pas dans le Hall of Fame alors que sportivement, il le mérite plus que n'importe qui) et la FAW (en le virant d'office de son poste d'entraîneur).
Typiquement, dans ce genre de situations, il y a deux "écoles" :
- Ceux qui pensent que l'homme et "l'artiste" ne font qu'un, et que dans le cas de Giggs il est logique que toutes ses éventuelles récompenses passent à la trappe en raison des accusations qui le concernent. Qu'il est donc légitime de faire sauter toutes les distinctions liées à son activité professionnelle/artistique sous prétexte qu'il a commis des actes tordus dans sa vie privée.
- Ceux qui pensent qu'il est important d'opérer un clivage clair entre le personnage public et l'homme qu'il est dans sa vie de tous les jours. Et qu'en cas de commission d'un acte répréhensible les condamnations exclusivement judiciaires non seulement suffisent mais sont également les seules à faire sens pour répondre à la hauteur de l'acte incriminé. Cette école de pensée va plutôt avoir tendance à critiquer le principe de tribunal populaire, et encore plus avec l'expansion des réseaux sociaux et des comportements collectifs massivement toxiques qui en découlent (harceler la personne accusée car on pense qu'il est légitime de la traîner plus bas que terre, y compris dans de nombreux cas par le biais de simples présomptions à son égard).
Je me positionne personnellement plutôt dans cette école, et je trouve que l'exemple du phénomène de #MeToo et de #balancetonporc, s'ils partent d'une intention louable, ont rapidement montré leurs dérives et les problématiques liées au manque de recul des gens qui ne jugent qu'à travers leurs émotions et leurs valeurs personnelles sans prendre la peine d'analyser avec un minimum de distance l'ensemble des faits.
Dans le cas de Ryan Giggs, je trouve donc les réactions particulièrement excessives, en plus de ne se baser (pour l'instant) que sur de simples accusations. Bien sûr qu'il devra prendre cher s'il est avéré coupable car le phénomène de violences conjugales est encore malheureusement une réalité, et les périodes successives de confinement (déjà bien inutilement destructrices en tous points) ont exacerbé ce phénomène franchement inquiétant. Mais aujourd'hui, au 5 mai 2021, il n'a pas été, à ce jour, reconnu coupable que je sache. Et quand bien-même il le serait dans un futur proche cela ne doit pour moi rien enlever à son talent de joueur et aux distinctions qu'il a briguées tout au long de sa carrière. On n'est pas sur un cas de dopage qui aurait directement impacté sur ses performances sportives. On est juste sur un cas où l'homme derrière le joueur est une ordure (ce qui est très probablement le cas de Giggs).
Ces délires de "cancel culture" (vu qu'il a agressé sa femme, on va rayer son nom partout pour faire comme s'il n'a jamais existé) m'ont toujours dépassé et l'hystérie autour de son cas aussi. C'est à la justice de trancher, et à elle seule, pas à des instances comme la FA qui ne sont bonnes qu'à jouer des numéros délirants de démagogie.
Thingrim Pallister, le 4 mai 2021 à 11:22
Le 02/05/2021 à 12:21, Coolman a dit :Encore une fois je ne vois pas le rapport. S'il est coupable, qu'il soit condamné et qu'il aille en prison. La justice décidera. Mais en quoi, ça remet en cause ses performances sur le terrain ? On va retirer un titre de champion du monde à un joueur parce qu'il doit aller en prison ? On parle pas du prix Nobel là.
Giggs fait incontestablement parti des meilleurs joueurs de l'histoire du foot et encore plus de PL. On ne peut pas parler faire un hall of fame sans lui, ce classement n'a plus aucune valeur.
Je comprends parfaitement ce que tu veux dire MAIS si Giggs est au Hall of Fame (il aurait du être le tout premier à la place de Henry) et si la fédération galloise le laisse à la tête de l'équipe nationale, la FA comme la fédération Galloise vont être accusées de soutenir un homme qui bat des femmes.
Alors oui, il serait plus honnête vis-à-vis de Giggs d'attendre la décision des tribunaux mais en se désolidarisant immédiatement de lui les deux fédérations ne peuvent pas être taxées de misogynie ou de tolérance envers les violentes faites aux femmes.
Après Giggs reste Giggs, un p***** de joueur, une icône de Manchester United.... Mais un p***** de con. Ce n'est malheureusement pas nouveau.
Cuns, le 2 mai 2021 à 13:01
il y a 35 minutes, Coolman a dit :Encore une fois je ne vois pas le rapport. S'il est coupable, qu'il soit condamné et qu'il aille en prison. La justice décidera. Mais en quoi, ça remet en cause ses performances sur le terrain ? On va retirer un titre de champion du monde à un joueur parce qu'il doit aller en prison ? On parle pas du prix Nobel là.
Giggs fait incontestablement parti des meilleurs joueurs de l'histoire du foot et encore plus de PL. On ne peut pas parler faire un hall of fame sans lui, ce classement n'a plus aucune valeur.
Le hall of fame étant une "vitrine" de ce sport, tu ne peux pas y mettre des personnes sans morales.
Le sport ce n'est pas juste des résultats, c'est aussi des valeurs. Des valeurs que chaque éducateur digne de ce nom souhaite inculquer au gamin qui vient prendre une licence.
Et pour le coup, en terme de valeurs, Giggs est trèèèès loin d'être un exemple.
Ça suffit clairement à mon sens de ne pas avoir envie de le mettre en avant pour valoriser un sport.
RedLikeDevil, le 8 septembre 2022 à 9:47
Finalement c'est le 11 qui est maudit et pas le 7