Quelque chose à redire?

Au lendemain de la finale, il y en a qui se sont réveillés avec la gueule de bois. Pour certains, cela est dû à la quantité importante d'alcool absorbée pour fêter le titre suprême. Pour d'autres, ça ressemble plutôt à une grosse gifle prise pleine face avec le triomphe des Red Devils à Moscou. Et non les amis, c'est pas cette année que ces chers Didier, Nico, Flo et Claude soulèveront une Coupe d'Europe.

Alors, tentons de nous consoler comme on peut. Chelski aurait du gagner. Man Utd a volé ce match. L'arbitre était avec eux, c'est certain, déposons un recours auprès de l'UEFA. Rien de tout cela. Nous pensons évidemment que nos protégés ont mérité leur trophée européen, et rien ne servirait de se fatiguer à vous expliquer pourquoi, mais comme on est sympa on va prendre 10 minutes pour vous éclairer...

Idée reçue n°1 : Chelsea a dominé la rencontre

On va faire simple : la première période était entièrement pour nous, la seconde pour les Blues. Au nombre d'occasions franches en tout cas, ça se vaut. Côté mancunien, mis à part le but, très joli au passage, de Ronaldo, on regrettera notamment les deux énormes occases de Tevez (tête plongeante stoppée par Cech et tacle manqué devant les buts), celle de Carrick (tir stoppé par Cech), et la frappe de Giggs repoussée sur la ligne par Terry. Côté russe, mis à part le but, très (chatteux) opportuniste au passage, de Lampard, Avram Grant aurait pu s'arracher les cheveux sur le poteau de Drogba, la barre de Lampard, et puis euh... La tête de Ferdinand sur son gardien à la limite...

Idée reçue n°2 : l'arbitre était une loque

C'est vrai qu'il a pas fait un super match. Pourquoi? Il aurait déjà dû exclure Ricardo Carvalho en fin de première période pour son attentat sur son compatriote Cristiano Ronaldo... Si notre numéro 7 pouvait lire le futur, pas sûr qu'il aurait demandé à l'arbitre d'expulser Rooney à la Coupe du Monde 2006 pour avoir écrasé les bijoux de famille du joueur de Chelsea -- il lui aurait peut-être même filé un coup de main!

Après, pour ce qui est du péno refusé à Malouda, tout à fait logiquement d'ailleurs, et du carton rouge reçu par Drogba, il a fait son taf. Soyez pas tristes, si on remplaçait les noms Malouda et Kinder Drogba par Ronaldo et Rooney, vous auriez pas crié au scandale tant leurs réputations de danseuse - plongeuse et de pilier de bar agressif sont solidement ancrées dans notre beau pays... Alors les commentateurs de Canal+ Sport qui chialaient presque du fait que Terry ait manqué le tir au but destiné à Dédé, peuvent doucement se taire...

Idée reçue n°3 : sur l'ensemble du parcours, United ne mérite même pas la finale

C'est vrai que le jeu a pas été aussi flamboyant qu'en championnat, mais ça s'explique peut-être par les équipes que nous avons rencontrées... Huitième de finale : on a le choix entre Lyon, le Celtic, l'Olympiakos, le Fener, et Schalke. Et on se tape les Gones. Dur de faire plus difficile. Quarts de finale : la Roma, qui vient de sortir le Real en les battant home et away. A ce moment-là, tout le monde les voit comme l'équipe en forme. Demi-finales : le Barça, qui même s'il a perdu de sa superbe, joue avec des perles telles que Messi, Eto'o, Deco... De son côté, Chelski prend l'Olympiakos, Fenerbahce et les Scousers.

Alors bon, même quand on joue avec des Tevez, Ronaldo, Rooney, c'est sûr qu'on va pas gagner 6-0 6-0, victoire en deux sets et on rentre à la maison. Fergie a été plutôt malin sur le coup, en alignant un 4-5-1 à chaque fois qui a permis de ne pas encaisser de but depuis le huitième aller à Lyon jusqu'à la finale! Le jeu offensif en a pris un coup, mais l'Ecossais a sacrifié la folie à la raison : à quoi sert en effet de gagner 7-1 face à Rome ou 3-2 dans un super match contre le Milan si c'est pour ensuite sombrer dans le relatif anonymat d'une élimination en demies?

Ces dernières saisons, Manchester United n'a pas eu le crédit qu'ils méritent sur la scène européenne, malgré des prestations flamboyantes. Cette année c'est fait, avec des matchs moins reluisants. Vous l'aurez voulu! N'empêche que les Red Devils n'ont jamais été vaincus dans cette C1 2007-2008, ça force le respect.

Idée reçue n°4 : Ronaldo est moisi dans les "gros" matchs

On va pas vous ressortir l'article où on expliquait qu'il n'y a pas de gros matchs et de petits matchs et qu'ils doivent tous être joués de la même façon... On va juste prendre des chiffres. Déjà Ronaldo cette saison, c'est le Soulier d'Or. Ha ha, facile dans un championnat où les gardiens ont des allures de passoires et où les défenseurs sont aussi rapides que mon arrière grand-mère avec ses sabots. Mais Ronaldo, c'est aussi le meilleur buteur de la Champions League 2008. 8 pions. Plus que l'OM. Et le type, il est ailier, pas attaquant...

Si on prend les six matchs des huitièmes, quarts et demi-finales plus la finale, Ronny a marqué une fois contre Lyon, une fois contre Rome, une fois en finale contre Chelsea, ça fait un but tous les deux matchs ou presque. Une bonne moyenne. Il s'est certes troué sur le penalty au Camp Nou et le tir au but à Moscou, mais le fait que ce soit sans conséquence nous fait dire qu'il a encore jusqu'à la saison prochaine pour apprendre à maîtriser ses nerfs dans ce type d'exercice. Pas de doute, la saison prochaine, il casse tout. Espérons que ce soit chez nous.

Idée reçue n°5 : United, Chelski, la livre sterling, même combat

Là, c'est l'argument du type qui a plus rien d'autre à dire. Ce serait oublier que les Red Devils ont connu le succès bien avant de connaître la fortune. Sans remonter jusqu'au succès de 68, on va se focaliser sur l'arrivée de Fergie au club en novembre 86. MU termine la saison 86-87 à la onzième place. Même chose en 88-89, deux places plus bas l'année suivante, avant de connaître le renouveau et la 2e place derrière Leeds puis le sacre après l'arrivée du King. Le royaume mancunien ne s'est pas construit en un jour.

A Manchester, les succès ont fait la richesse du club. A Londres, la richesse a fait le succès du club. Alors José, pète-toi-la tant que tu veux, mais c'est certain que quand on a un Abracadabramovitch dans le dos qui te sort le chèque dès que t'as envie d'un joujou en vitrine, c'est plus facile de gagner dès sa première saison. Pour info, les trois saisons avant l'arrivée de l'oligarque russe, Chelsea a fini 6e, 6e, 4e. Les trois saisons suivantes, 2e, 2e, 1er. Coïncidence...

Conclusion

Merci à Manchester United de nous avoir offert un si beau parcours en Champions League cette année. Même en cherchant bien, il n'y a vraiment pas grand chose à redire. Inarrêtables à domicile, invaincus sur l'ensemble du parcours, disposant du meilleur buteur et du meilleur joueur de la compétition et du meilleur entraîneur du monde : tout y est. Le Gaffer faisait récemment part de sa déception de n'avoir vu son équipe ne remporter qu'une Coupe d'Europe ces 10 dernières années : avec cette pression en moins, nul doute que la saison 2008-2009 s'annonce encore plus croustillante!