Old Trafford : Top 100 (86)

Le contexte : Renversé en 2003/04 par Arsenal, qui tour à tour fut destitué par le Chelsea de José Mourinho en 2004/05, la campagne 2005/06 de United régressa de plus en plus. Résultat : durement battu par Middlesbrough 4-1 et par Lille 1-0 au Stade de France. Même si une avalanche de blessures avait amené un certain calme, les oreilles de Carrington se dressèrent sur les sirènes médiatiques autour de Roy Keane, après ses propos concernant certains de ses coéquipiers. En théorie, United pouvait difficilement choisir un pire moment pour faire face aux champions de Mourinho, qui n’avaient plus connu la défaite en 40 matchs et qui avaient 13 points d'avance sur leurs hôtes.

L'occasion : Il fut admis que United n’était pas au mieux à Old Trafford. Ainsi, les fans se préparèrent à lancer une armada de chants, tandis que les joueurs de Sir Alex Ferguson eurent les dents serrées sur le terrain, impatients d’envoyer un message clair quelques semaines après les critiques des médias. Avec le trou béant laissé par l'absence de Keane pour cause de blessure, Alan Smith brilla à un tel point, que l'attaquant croqua par trois fois le milieu défensif adverse, les défiant, les harcelant, les cassant et en détruisant leur hargne. "Le milieu de terrain de Chelsea pouvait à peine reprendre son souffle, tellement il devait faire attention au tenace Smith", avait écrit Winter Henry du Daily Telegraph. "Frank Lampard ressemblait de plus en plus à un jogger pourchassé sur la route par un yorkshire particulièrement agaçant." Smith avait été parmi les joueurs qui auraient été salués par Keane, comme Darren Fletcher qui envoya sa propre réponse en reprenant de la tête un centre en profondeur de Cristiano Ronaldo, pour battre John Terry et Petr Cech. Old Trafford éclata, avant de reprendre les aigus. Les sifflets redoublèrent pour le reste des 90 minutes. Chelsea eut quelques occasions alors que les Reds plièrent de plus en plus, mais les scènes de joie de fin de match saluèrent comme il se doit cette performance, qui n'était pas des plus brillantes, mais qui était plutôt une preuve de la menace persistante du club.

Les conséquences : L’homme du match, Alan Smith, avait admis que les mots de Keane avait apporté une motivation supplémentaire pour enterrer Chelsea, à côté d'Arsenal, dans le cimetière des champions. "Parfois, vous avez besoin d'un rappel que vous jouez dans un grand club et que vous n'êtes plus dans votre ancien club", avait-il dit. "Je pense que chacun sait d’où est l’origine du rappel et nous acceptons les critiques quand elles arrivent." Sir Alex, quant à lui, avait défendu ses joueurs. "Parler de pression était absolument *******", avait-il déclaré, provoquant une réprimande de l'intervieweur Geoff Shreeves. "Tout le monde passe par de mauvais moments et vous perdez des points sur les leaders. L’ossature de mon équipe était assise sur le banc et nous ne l’avons pas utilisée, donc les jeunes joueurs ont eu à porter le fardeau depuis des semaines maintenant, mais ils ont montré qu’ils pouvaient garder la tête froide et le sang-froid." La vulnérabilité montrée par Chelsea ne l’avait pas empêché de conserver son titre, mais la campagne de United s'était nettement améliorée au cours de la seconde moitié de la saison, avec la victoire en finale de Carling Cup et la deuxième place en Premier League.

Vu par la presse : "L'invincibilité de Chelsea a pris fin après 40 matchs, transpercé par le même couteau des désespérés streetfighters de Sir Alex Ferguson qui enfonça la série d'invincibilité de 49 matchs d’Arsène Wenger, l'an dernier. La victoire des Red Devils ne doit pas suggérer que ce sont de nouveau des grands ou qu'il ont tout à coup redécouvert l’éblouissante lumière, source de leur art du jeu. Au lieu de cela, la victoire a été construite par entêtement avec les tripes, le cœur, le désir effréné, le désespoir, la volonté farouche et la défense courageuse." - John Dillon, The Daily Express